Une nutrition optimale passe par un équilibre alimentaire sain
Il est important de garder à l’esprit que, pour être durable, l’alimentation doit répondre aux besoins nutritionnels de chacun. Des recherches sont en cours pour trouver le juste équilibre entre les aliments d’origines végétale et animale qui permettrait de répondre aux besoins en protéines et en d’autres nutriments. Adopter une approche fondée sur des données probantes peut vous aider à conseiller vos clients sur les apports adéquats en nutriments et en protéines à atteindre pour maintenir une santé optimale.
Une enquête auprès de la population canadienne révèle que :
Les messages incitant la population à privilégier une alimentation végétale sont mal compris de plusieurs1 . Près de la moitié (48 %) des Canadiennes et des Canadiens interrogé.e.s pensent qu’une alimentation végétale doit entièrement être d’origine végétale1 . Environ le quart (24 %) seulement des personnes qui ont répondu est en désaccord avec cette affirmation, alors que les autres (27 %) ne sont pas certaines de connaître la réponse.
TROUVER LE BON ÉQUILIBRE
Une perception erronée peut mener à des répercussions nutritionnelles non souhaitées.
En tant que diététiste, vous savez que l’équilibre est important lorsqu’il s’agit de bien manger. Face aux messages visant à privilégier une alimentation végétale, il est essentiel de veiller à ce que le concept d’équilibre alimentaire sain ne se dissipe pas. Les recherches révèlent que les perceptions erronées entourant les différents types d’alimentation à base de plantes sont fréquentes dans la population, ce qui pourrait avoir pour conséquence d’empirer les apports nutritionnels qui sont déjà inadéquats.
De plus, on accroît le risque d’apports nutritionnels inadéquats si on ajoute à ces confusions le manque d’informations sur la façon de combler leurs propres besoins en nutriments. Cette situation est préoccupante, compte tenu de la prévalence déjà élevée d’apports inadéquats en nutriments clés tels que le calcium2,3 et le fer4 dans la population canadienne5,6.
La population a besoin de conseils pour faire des choix sains.
La population cherche à inclure davantage d’aliments d’origine végétale dans son alimentation. Les gens se tournent alors souvent vers des produits hautement transformés et pauvres en nutriments comme solutions de rechange aux aliments d’origine animale. Cela ne représente pas ce que les diététistes, ni même Santé Canada, ont en tête lorsqu’ils encouragent la population à adopter une alimentation comprenant davantage d’aliments d’origine végétale.
En tant que diététiste, vous occupez une place centrale pour aider la population à comprendre ce que représente concrètement une alimentation végétale saine et équilibrée. Dans les faits, cela se traduit par la consommation de plus de légumes, de fruits, de légumineuses, de grains entiers, de noix et de graines, plutôt que d’opter pour des produits transformés afin de remplacer les aliments protéinés d’origine animale.
Il est également important de les aider à comprendre qu’une alimentation végétale ne signifie pas qu’ils doivent manger uniquement des aliments d’origine végétale. Si les différents types d’alimentation à base de plantes comprennent de nombreux aliments d’origine végétale, ils peuvent également inclure des aliments d’origine animale riches en nutriments comme le lait, le yogourt, le fromage, la viande, la volaille, le poisson et les œufs.
Une étude canadienne montre que
« Inclure de façon équilibrée des aliments protéinés d’origines végétale et animale dans l’alimentation entraîne l’adoption de modèles alimentaires plus sains qui offrent des propriétés nutritionnelles plus favorables [Traduction libre]7. »
Les aliments d’origine animale contribuent à satisfaire les besoins en micronutriments et en protéines.
En 2023, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié l’étude la plus complète à ce jour au sujet des données nutritionnelles sur les aliments d’origine animale issus de l’élevage terrestre8. La FAO exhorte les gouvernements du monde entier à prendre en compte la contribution de la viande, des œufs et du lait dans une alimentation saine qui vise à améliorer la nutrition et la santé tout au long de la vie.
Le rapport de la FAO conclut
« La viande, les œufs et le lait constituent des sources importantes de nutriments essentiels que les aliments d’origine végétale ne peuvent pas toujours fournir [Traduction libre]9. »
La FAO souligne que ces aliments d’origine animale sont riches en éléments nutritifs. Ils fournissent de nombreux nutriments essentiels tels que des protéines de haute qualité, des acides gras essentiels, de la vitamine B12, de la choline et des minéraux comme le calcium, le fer et le zinc, ainsi que des composés bioactifs qui favorisent une santé optimale.
Les points saillants du rapport de la FAO
Les données relatives à la consommation de produits laitiers révèlent des résultats favorables en matière de nutrition et de santé chez8 :
Les femmes enceintes : amélioration du poids des bébés à la naissance
Les enfants d’âge scolaire et les adolescents : augmentation de la taille et diminution de l’adiposité
Les adultes : réduction du risque d’obésité, d’hypertension, d’accident vasculaire cérébral, de diabète de type 2, d’ostéoporose et de certains cancers
Les personnes âgées : diminution de la sarcopénie, des fractures, de la fragilité, de la démence et de la maladie d’Alzheimer
Une alimentation incluant à la fois des aliments d’origines végétale et animale offre une meilleure nutrition.
Les résultats de chercheurs canadiens de l’Université de Toronto7 mettent en évidence les conclusions de la FAO8 . Ils ont constaté qu’une consommation équilibrée de protéines végétales et animales constitue le meilleur moyen d’optimiser un apport adéquat en nutriments7 . Leurs recherches montrent que des modèles alimentaires, incluant plus de 75 % de protéines de sources végétales ou plus de 75 % de protéines de sources animales, compromettent l’adéquation nutritionnelle et ne représentent pas une consommation idéale.
Une analyse publiée dans le Lancet (2023)10 indique qu’au moins 27 % des calories quotidiennes devraient provenir d’aliments d’origine animale pour combler les besoins en micronutriments, contrairement aux 14 % proposées dans le guide alimentaire du EAT-Lancet11.
Une étude canadienne montre que
« Les combinaisons de protéines animales et végétales améliorent la qualité nutritionnelle de la population canadienne [Traduction libre]7. »
Plusieurs Canadiennes et Canadiens présentent déjà de faibles apports en éléments nutritifs essentiels.
Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC 2015), plusieurs Canadiennes et Canadiens avaient déjà des apports inadéquats en nutriments clés essentiels avant l’arrivée du Guide alimentaire de 20192-6. Santé Canada reconnaît que leurs apports en calcium, en fer et en potassium sont préoccupants12. Bon nombre ont également des apports alimentaires inadéquats en zinc et en vitamines B12 et D5,6.
Prévalence des apports inadéquats en calcium, fer, zinc et vitamine B12 inférieurs aux besoins moyens estimatifs (BME) basés sur les données de l’ESCC 20153,5,6
Nutriments clés essentiels | Prévalence d’apports alimentaires inadéquats |
Calcium |
> 80 % des filles et 65 % des garçons de 9 à 18 ans > 70 % des femmes de 19 à 50 ans > 90 % des femmes de 50 ans et plus et des hommes de 70 ans et plus |
Fer |
25 % des filles de 14 à 18 ans près de 30 % des femmes de 19 à 50 ans |
Zinc |
28 % des filles de 14 à 18 ans, 20 % des garçons de 14 à 18 ans 23 % des filles de 9 à 13 ans, 15 % des garçons de 9 à 13 ans au moins 30 % des femmes et 20 % des hommes |
Vitamine B12 |
13 % des filles de 14 à 18 ans 21 % des femmes |
La forte prévalence d’apports inadéquats en calcium et en vitamine D au Canada est particulièrement préoccupante2,3,7. La biodisponibilité plus faible du calcium, du fer et du zinc dans une alimentation qui comprend principalement des aliments d’origine végétale peut accroître davantage les besoins. Par exemple, le rapport sur les Apports Nutritionnels de Référence estime que les besoins en fer et en zinc d’une alimentation végétarienne sont 1,8 et 1,5 fois plus élevés que ce qui est normalement recommandé13.
Des analyses récentes de l’état nutritionnel au Canada révèlent des insuffisances.
Les analyses de l’état nutritionnel au Canada publiées en 2023 estiment que :
- la déficience en fer peut affecter jusqu’à 29 % des femmes en âge de procréer (14 à 50 ans)14;
- des apports inadéquats en vitamine D touchent 19 % de la population (de 3 à 79 ans), d’après l’analyse des taux sériques15.
La qualité et la quantité de protéines alimentaires nécessitent également une attention particulière.
Les besoins moyens estimés (BME) et les Apports nutritionnels recommandés (ANR) sont basés sur la consommation de protéines de bonne qualité (c’est-à-dire de haute qualité)16. Par définition, une protéine de haute qualité signifie qu’elle est complète, qu’elle contient les 9 acides aminés essentiels selon un schéma qui correspond étroitement aux besoins humains et qu’elle est absorbée efficacement.
Une recherche canadienne montre que les apports en protéines diminuent au fur et à mesure que les individus augmentent leur consommation de protéines végétales17. Dans une alimentation qui comprend 75 % ou plus de protéines provenant de sources végétales, la qualité des protéines diminue considérablement17.
Il est particulièrement important d’en tenir compte lorsque l’on travaille avec des groupes vulnérables tels que les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées, puisque ces personnes ont des besoins protéiques plus élevés pour maintenir une santé optimale. Chez les personnes âgées, par exemple, les chercheurs ont constaté que chaque augmentation de 1 % de l’apport en protéines animales était liée à une réduction de 7 % du risque de maladies cardiovasculaires et de 4 % du risque de mortalité, toutes causes confondues18 .
Éléments clés du rapport sur les Apports nutritionnels de référence
« La qualité d’une source de protéines alimentaires dépend de sa capacité à répondre aux besoins en azote et en acides aminés nécessaires à la croissance, au maintien et au rétablissement de l’organisme. Cette capacité est déterminée par deux facteurs : la digestibilité et la composition en acides aminés [Traduction libre]16.»
« Si les acides aminés ne sont pas présents dans les bonnes proportions, la capacité de l’organisme à utiliser ces protéines en sera affectée [Traduction libre]16. »
« Les protéines présentes dans les aliments d’origine animale tels que la viande, la volaille, le poisson, les œufs, le lait, le fromage et le yogourt fournissent les 9 acides aminés essentiels et sont appelées « protéines complètes » [Traduction libre]16. »
« Les protéines présentes dans les végétaux, les légumineuses, les céréales, les noix, les graines et les légumes ont tendance à être déficientes en un ou plusieurs des acides aminés essentiels et sont appelées « protéines incomplètes » [Traduction libre]16. »
A RETENIR :
Lorsque vous encouragez vos clients à adopter une alimentation saine et équilibrée, rappelez-vous que la prévention des déficiences en micronutriments est un principe de base essentiel en matière d’alimentation saine et durable19.
3 POINTS SAILLANTS À RETENIR POUR VOTRE PRATIQUE
Point saillant #1
Assurez-vous que vos clients comprennent qu’une alimentation végétale ne signifie pas d’exclure les aliments d’origine animale.
Point saillant #2
Encouragez l’adoption d’un équilibre alimentaire sain entre les aliments d’origines végétale et animale pour atteindre une nutrition optimale.
Point saillanty #3
Aidez-les à choisir des aliments protéinés de haute qualité pour bien répondre à leurs besoins en éléments nutritifs et en protéines.
Références
1. Léger. 2022. Plant-based foods: Canadian perceptions and consumption. Report for the Nutrient Rich Alliance.
2. Barr S. Is the 2019 Canada’s Food Guide Snapshot nutritionally adequate? Appl Physiol Nutr Metab 2019;44:1387-1390.
3. Vatanparast H et coll. Calcium intake from food and supplemental sources decreased in the Canadian population from 2004 to 2015. J Nutr 2020;150(4):833-841.
4. Cooper M et coll. Population iron status in Canada: Results from the Canadian Health Measures Survey 2012–2019. J Nutr 2023;153:1534–1543.
5. Ahmed M, Ng AP, et L’Abbe MR. Nutrient intakes of Canadian adults: results from the Canadian Community Health Survey (CCHS)-2015 Public Use Microdata File. Am J Clin Nutr 2021;114:1131- 1140.
6. Ng A, Ahmed M et L’Abbe M. 2021. Nutrient intakes of Canadian children and adolescents: Results from the Canadian Community Health Survey (CCHS) 2015 – Nutrition public use microdata files. (https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1138934/v1. Consulté le 12 février 2025)
7. Fabek H et coll. An examination of contributions of animal- and plant-based dietary patterns on the nutrient quality of diets of adult Canadians. Appl Physiol Nutr Metab 2021;46:877-886.
8. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 2023. Contribution of terrestrial animal source food to healthy diets for improved nutrition and health outcomes – An evidence and policy overview on the state of knowledge and gaps. Rome, FAO. (www.fao.org. Consulté le 15 janvier 2024)
9. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. 2023. Meat, eggs and milk essential source of nutrients especially for most vulnerable groups, new FAO report says. (www.fao. org. Consulté le 15 janvier 2024)
10. Beal T, Ortenzi F, Fanzo J. Estimated micronutrient shortfalls of the EAT-Lancet planetary health diet. Lancet 2023;7:E233-237.
11. Willet W et coll. Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems. Lancet 2019;393:447-492.
12. Gouvernement du Canada. 2014. Health Canada’s proposed changes to the core nutrients declared in the Canadian Nutrition Facts table. (www.canada.ca. Consulté le 15 janvier 2024)
13. Institute of Medicine. 2001. Dietary Reference Intakes for vitamin A, vitamin K, arsenic, boron, chromium, copper, iodine, iron, manganese, molybdenum, nickel, silicon, vanadium, and zinc. Washington, DC: The National Academies Press.
14. Cooper M et coll. Population iron status in Canada: Results from the Canadian Health Measures Survey 2012–2019. J Nutr 2023;153(5):1534–1543.
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16. Institute of Medicine. 2005. Dietary Reference Intakes for energy, carbohydrate, fiber, fat, fatty acids, cholesterol, protein, and amino acids. Washington, DC: The National Academies Press.
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19. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2019. Sustainable healthy diets – Guiding principles. Rome. (www.fao.org. Consulté le 15 janvier 2024)