L’impact de changements alimentaires ciblant des indicateurs environnementaux sur la consommation de micronutriments : une revue systématique

Les pratiques alimentaires durables sont à l’avant-plan des discussions actuelles sur la nutrition, et une emphase particulière est mise sur les indicateurs environnementaux tels que les émissions de gaz à effet de serre (EGES). Cependant, la définition d’une alimentation durable est multidimensionnelle et englobe l’acceptabilité culturelle et économique, la santé et les besoins nutritionnels. Compte tenu de la forte prévalence de carences en micronutriments à l’échelle mondiale, il y a une inquiétude croissante quant au risque d’apport insuffisant en nutriments lorsque les recommandations nutritionnelles priorisent exclusivement des facteurs environnementaux. En effet, une telle approche peut mener au remplacement d’aliments d’origine animale, souvent riches en micronutriments biodisponibles, par des aliments d’origine végétale, qui présentent souvent un profil nutritionnel différent ou une biodisponibilité moindre.

À cet égard, une revue systématique de 2024 regroupant 56 études (1 essai randomisé et 55 études d’observation publiés entre 2011 et 2022) a examiné l’impact de changements alimentaires ciblant des indicateurs environnementaux sur l’apport en 8 micronutriments : zinc, calcium, fer, iode, folate et vitamines A, D et B₁₂.

Dans l’ensemble, les conclusions de la revue indiquent des apports généralement plus faibles en zinc, en calcium et en vitamines B₁₂, A et D après le remplacement de protéines animales par des protéines végétales. En fait, selon l’essai randomisé, lorsque 70 % de l’apport en protéines provenait de sources végétales, le risque d’apport insuffisant en zinc, en iode et en vitamine B₁₂ augmentait. De plus, malgré une hausse observée de l’apport total en fer et en folate, les auteurs ont noté que ce fer avait une faible biodisponibilité.

Fait important, les auteurs ont observé une forte prévalence de l’apport insuffisant en micronutriments déjà présente au début des études, ce qui renforce l’importance de considérer les besoins nutritionnels dans l’élaboration de recommandations alimentaires durables, afin de ne pas exacerber les carences préexistantes. Enfin, il est essentiel de considérer les différents besoins en micronutriments aux diverses étapes de la vie et d’adapter les recommandations alimentaires, car certains groupes vulnérables sont à risque plus élevé de carences. À titre d’exemple, cette revue a révélé une prévalence accrue d’apport insuffisant en calcium chez les enfants et les adolescents ayant réduit leur consommation de produits laitiers, de même que l’incapacité du régime de santé planétaire EAT-Lancet à répondre aux besoins en calcium et en vitamine D des enfants.

À la lumière de leurs résultats, les auteurs soulignent l’importance de prendre en compte la biodisponibilité en évaluant l’apport en micronutriments, car certains nutriments sont moins absorbés chez les aliments d’origine végétale, un facteur que seules quelques études ont pris en compte. Ils mentionnent également la pertinence de distinguer les sources de protéines végétales, puisqu’il existe une grande variabilité quant à leur teneur en micronutriments et en protéines et, dans le cas de nombreux succédanés, les pratiques d’enrichissement sont variables.

Les auteurs mentionnent par ailleurs d’importants problèmes de synthèse des données, en partie dus à la variabilité de méthodologies entre les études et à une incohérence dans la présentation des résultats sur l’apport en micronutriments, soulignant ainsi la nécessité de mener d’autres études robustes.