La santé des os chez les enfants et les adolescents : le rôle des produits laitiers dans le cadre d’une saine alimentation

Aperçu de la santé des os chez les enfants et les adolescents

L’enfance et l’adolescence sont des périodes critiques pour atteindre une santé musculosquelettique optimale à l’âge adulte. Le tissu osseux accumulé au cours de ces années contribuera à la fois à assurer une croissance normale du squelette et à augmenter la solidité des os^1,2,3. Au-delà de la réduction du risque de fracture à un jeune âge, la masse osseuse pendant l’enfance permet également de prédire le risque d’ostéoporose à l’âge adulte^1,3. En fait, maximiser le pic de masse osseuse au début de l’âge adulte est considéré comme une stratégie de premier plan pour prévenir le risque de fracture ostéoporotique plus tard au cours de la vie^1,3.

Certains facteurs modifiables ont été associés à une meilleure santé des os chez les enfants et les adolescents, par exemple l’entraînement en force musculaire avec mise en charge ainsi qu’une saine alimentation qui répond aux besoins énergétiques et qui comprend des quantités adéquates de micronutriments pour soutenir la croissance et le développement^2,3,4. En particulier, le calcium, la vitamine D et les protéines sont fréquemment ciblés comme étant des nutriments clés pour développer des os en santé, bien qu’un large éventail de nutriments participent également au développement musculosquelettique (par exemple le fer, le zinc, le magnésium et la vitamine K)^2,3,4. Des augmentations du pic de masse osseuse aussi peu élevées que 5 à 10 % atteintes au début de l’âge adulte ont été associées à une diminution du risque de fracture de la hanche allant jusqu’à 50 %, ce qui souligne l’importance d’adopter des comportements favorables à la santé des os³. 

Les données scientifiques

Une revue systématique de 2020 a compilé les conclusions d’études originales (études d’observation et expérimentales) sur la santé des os et les produits laitiers tout au long de la vie³. Bien que les auteurs de l’étude aient souligné que plus de recherches sont requises pour renforcer le niveau de validité des données scientifiques chez les enfants et les adolescents, 8 études randomisées sur les 10 incluses dans la revue pour ce groupe d’âge associaient la consommation de produits laitiers à des améliorations des paramètres de la santé osseuse, et aucune ne montrait d’effets néfastes³.

Une revue de revues systématiques et de méta-analyses de 2019 décrivant 19 études originales (études randomisées et études d’observation) a mis en évidence les bienfaits des produits laitiers sur la santé des os chez les enfants et les adolescents⁴. 

• Cette revue a révélé une association entre la consommation de produits laitiers et une augmentation du contenu minéral osseux total chez les enfants et les adolescents, en particulier chez ceux dont les apports en calcium étaient faibles au début de l’étude. 
• De plus, l’augmentation du contenu minéral osseux attribuée aux produits laitiers était comparable à celle observée avec l’exercice physique. 

Dans une revue systématique d’essais cliniques regroupant un total de 2 032 enfants (18 ans ou moins), la consommation de produits laitiers a été liée à une meilleure santé des os⁵. 

• Chez les enfants en bonne santé âgés de 10 à 17 ans, la densité minérale osseuse a augmenté de 8 % après 16 mois de consommation régulière de lait, de fromage et de yogourt fournissant 1 000 milligrammes de calcium par jour⁵. 
• Dans cette étude, les auteurs ont noté que 11 des 14 études originales incluses montraient des bienfaits associés à la consommation de produits laitiers sur les mesures de la santé osseuse⁵. 

Une méta-analyse de 21 études randomisées regroupant 3 821 enfants de 4 à 17 ans a évalué l’impact des produits laitiers et du calcium alimentaire sur la masse osseuse⁶.

• Dans des études menées chez des enfants ayant de faibles apports en calcium au début de l’étude, la consommation de produits laitiers ou de suppléments de calcium a augmenté le contenu minéral osseux total et celui de la colonne lombaire⁶.

Une étude randomisée de 12 semaines réalisée par Josse et coll. (2020) a révélé que l’inclusion de 3 à 4 portions de produits laitiers (lait, fromage et yogourt) par jour combinée à la pratique régulière d’activité physique diminuait les marqueurs de résorption osseuse chez les adolescentes en excès de poids ou obèses, comparativement à l’activité physique seule⁷. 

• Compte tenu de la faible consommation de produits laitiers par les participantes au début de l’étude, les chercheurs ont recommandé d’encourager cette fréquence de consommation de produits laitiers (3 à 4 portions par jour) dans ce groupe d’âge⁷.

Les mécanismes potentiels

Le calcium et la vitamine D sont les deux principaux nutriments d’intérêt pour atteindre une santé des os optimale⁸. La Société canadienne de pédiatrie et l’American Academy of Pediatrics recommandent de consommer des aliments riches en calcium et en vitamine D pour favoriser le développement et le maintien d’os solides pendant l’enfance et l’adolescence^9,10. Le lait et les produits laitiers sont une source importante de calcium et de vitamine D dans l’alimentation de la population canadienne^11,12.

Le calcium

Le calcium est essentiel au maintien du métabolisme du squelette en raison de son rôle central dans la structure et la rigidité des os⁸.

Le calcium est un nutriment qui suscite des préoccupations chez beaucoup d’enfants canadiens. Une comparaison des apports en calcium de la population canadienne entre les cycles de 2004 et de 2015 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) a révélé des taux élevés d’apport insuffisant en calcium chez les enfants¹³ : 

• Chez les enfants canadiens (1 à 8 ans), les taux d’apport insuffisant en calcium étaient de 42,1 % et de 28,6 % chez les non-utilisateurs et les utilisateurs de suppléments, respectivement¹³;
• Chez les enfants canadiens qui ne consommaient pas de suppléments de calcium, plus de 81,5 % des filles (9 à 18 ans) et 66 % des garçons (9 à 18 ans) n’atteignaient pas les recommandations nutritionnelles associées au calcium¹³;
• Une augmentation du taux d’apport insuffisant en calcium a été observée en 2015 dans tous les groupes d’âge pour les enfants canadiens (1 à 18 ans), comparativement à 2004¹³;
• Les apports globaux en calcium ont diminué entre 2004 et 2015, ce que les auteurs ont attribué à une réduction de la consommation de lait et de substituts¹³. Cependant, le lait et ses substituts continuent d’être la principale source de calcium dans l’alimentation.

Une étude de cohorte longitudinale de 2018 a comparé les apports en calcium alimentaire de 179 enfants sur une période de 3 ans, soit à l’âge de 4, 5 et 6 ans, à leur densité minérale osseuse à l’âge de 7 ans¹⁴ :

• Chez les enfants qui comblaient plus de 95 % de leurs besoins en calcium pendant deux ou trois années consécutives, la densité minérale osseuse de l’ensemble du corps avait augmenté, et un risque plus faible d’ostéopénie était observé;
• Les chercheurs ont également constaté qu’une augmentation de l’apport en calcium de 100 mg par jour entraînait une augmentation de 0,1 de la cote z de la densité minérale osseuse de la colonne lombaire. 

La vitamine D

La vitamine D est une vitamine liposoluble qui favorise l’absorption intestinale du calcium⁸.

Une étude cas-témoin prospective d’une durée de 12 mois a comparé l’état nutritionnel en vitamine D d’enfants ayant subi une fracture à celui d’enfants n’en ayant pas subi¹⁵ :

• Chez les enfants de 2 à 14 ans, un faible état nutritionnel en vitamine D était associé à un risque plus élevé de fractures¹⁵. 

Une étude basée sur l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2013 a révélé que seulement 68 % des enfants canadiens avaient une concentration suffisante de vitamine D dans leur sang¹⁶.

• Fait important, les taux de concentration suffisante de vitamine D ont diminué entre 2007 et 2013, ce que les auteurs ont attribué en partie à une baisse de la consommation de lait de vache, qui était la principale source de vitamine D alimentaire¹⁶.

D’autres données scientifiques indiquent que les enfants canadiens pourraient ne pas consommer assez de vitamine D pour répondre à leurs besoins, et que les produits laitiers, particulièrement le lait, sont la principale source de vitamine D dans l’alimentation de la population canadienne¹⁷. 

Conclusion

Pendant l’enfance et l’adolescence, une alimentation saine et riche en nutriments clés, tels que le calcium et la vitamine D, pourrait contribuer au développement d’une bonne santé des os. Les produits laitiers sont une source importante de calcium et de vitamine D. Assurer une santé des os optimale pendant les années de développement pourrait non seulement produire des bienfaits pendant cette période, mais aussi jouer un rôle protecteur contre l’ostéoporose et les fractures dues à la fragilité à l’âge adulte.