Un article paru en 2023 traite de l’importance de considérer les impacts de la matrice alimentaire et des modèles d’alimentation dans leur ensemble pour mettre au point des recommandations, politiques et lignes directrices en matière d’alimentation.
La qualité de l’alimentation est un facteur de risque modifiable reconnu dans la prévention et la gestion de nombreuses maladies non transmissibles, qui sont la principale cause de mortalité dans le monde. En fait, la transition nutritionnelle mondiale vers des aliments hautement transformés à faible valeur nutritionnelle a été associée à la hausse rapide du taux observé de ces maladies.
Pour atténuer le fardeau de ces maladies chroniques, les stratégies nutritionnelles se sont historiquement appuyées sur l’absence ou la présence de certains nutriments. Toutefois, cet article fait valoir qu’en ciblant uniquement des nutriments individuels, on ignore l’importance de la matrice alimentaire, qui désigne le large éventail de composants physiques et chimiques d’un aliment, ainsi que leurs interactions uniques et complexes ayant un impact sur la façon dont l’aliment est digéré et métabolisé. De plus, les auteurs mettent en garde que ces approches pourraient avoir des répercussions non intentionnelles, notamment en ce qui concerne l’apport suffisant en éléments nutritifs, la qualité de l’alimentation et la santé métabolique.
Par exemple, certaines stratégies d’étiquetage ou de notation pourraient pénaliser les produits laitiers en raison de leur teneur en gras saturés. Pourtant, des données robustes indiquent que ni les produits laitiers ni le gras laitier ne sont associés aux effets cardiométaboliques néfastes visés par ces stratégies, un phénomène qui est probablement attribuable en partie à la composition unique et à la matrice alimentaire des produits laitiers. Par ailleurs, il arrive souvent que ces stratégies ne tiennent pas compte de la valeur nutritionnelle globale des aliments, par exemple de la teneur des produits laitiers en de nombreux nutriments importants dont l’apport est insuffisant dans la population générale.
Les lignes directrices en matière d’alimentation s’éloignent de plus en plus de cette approche réductionniste pour considérer plutôt les modèles d’alimentation, qui incluent les aliments entiers et leur matrice. Les auteurs affirment que l’approche basée sur les modèles d’alimentation représente une « considération holistique de tous les éléments, relations et effets des aliments sur la santé humaine ». Cette étude souligne qu’une approche basée sur les systèmes alimentaires préserve l’impact de la matrice alimentaire et pourrait s’avérer plus efficace pour promouvoir la santé. Les auteurs ajoutent que ces stratégies pourraient améliorer l’éducation à la nutrition, en évitant potentiellement de qualifier les aliments de « bons » ou de « mauvais », et qu’elles tiennent mieux compte des différences culturelles et personnelles.
Références
- Miller GD et coll. Seeing the forest through the trees: the importance of food matrix in diet quality and human health. Advances in Nutrition 2023. doi: 10.1016/j.advnut.2023.03.005.
