Consommation de produits laitiers et risque de fractures: conclusions importantes issues de la cohorte de la Nurses’ Health Study
Les fractures de fragilité et la détérioration osseuse sous-jacente sont d’importantes préoccupations de santé publique. À cet égard, une étude prospective regroupant 103 003 femmes suivies pendant 24 ans est venue consolider davantage la relation bénéfique entre les produits laitiers et le risque de fractures.
L’ostéoporose est traditionnellement perçue comme une maladie qui touche les femmes de plus de 65 ans. Toutefois, de plus en plus de données scientifiques suggèrent que le risque de détérioration de la santé des os et de fractures qui en résultent augmente vers l’âge moyen. Les fractures de fragilité sont le résultat d’un trauma de moyenne ou de faible intensité et révèlent la présence d’ostéoporose ou de détérioration de la densité ou de la microarchitecture osseuse.
Une étude prospective regroupant 103 003 femmes (âge moyen : 48 ans) de la cohorte de la Nurses’ Health Study a mesuré l’association entre le risque des trois fractures de fragilité les plus courantes (poignet, hanche ou vertèbre) et la consommation de produits laitiers (produits laitiers totaux, lait, yogourt et fromage) sur une période de 24 ans.
Après un contrôle des facteurs confondants potentiels, les résultats ont indiqué ce qui suit :
- Les femmes qui consommaient le plus de produits laitiers (≥ 2 portions/jour) présentaient un risque de fractures de fragilité 26 % moins élevé par rapport à celles qui en consommaient le moins (< 1 portion/semaine);
- Chaque portion supplémentaire de produits laitiers était liée à une diminution de 6 % du risque de fractures.
- Une consommation élevée de lait (≥ 2 portions/jour) et une consommation élevée de fromage (≥ 1 portion/jour) étaient associées à des réductions de 15 % et 11 % du risque de fractures, respectivement;
- Chaque portion supplémentaire de lait était liée à une diminution de 7 % du risque de fractures de fragilité.
- Aucune association n’a été détectée entre la consommation de yogourt et le risque de fractures, quoique les auteurs mentionnent que cela pourrait être dû en partie à la faible consommation de yogourt au sein de la cohorte.
Fait important à noter, ces résultats étaient indépendants des apports en calcium, en vitamine D ou en protéines provenant de sources non laitières. De plus, les effets ont été détectés à la fois chez les femmes en préménopause et en postménopause.
- Pour les femmes en postménopause, la consommation d’au moins 1 portion de produits laitiers par jour était associée à une diminution de 10 % du risque de fractures.
Par ailleurs, des analyses séparées examinant les fractures du poignet et de la hanche ont révélé des associations bénéfiques similaires entre la consommation de produits laitiers (totaux, lait, fromage, yogourt) et les fractures à chaque site.
Des études antérieures ont évalué la consommation de produits laitiers et le risque de fractures en utilisant les données de la Nurses’ Health Study. La première, publiée en 1997, n’a pas révélé d’associations significatives entre les produits laitiers et le risque de fractures. Les auteurs de l’étude actuelle mentionnent plusieurs facteurs explicatifs sous-jacents potentiels justifiant ces résultats, tels que l’âge relativement jeune de la cohorte et le fait qu’ils ont détecté peu de fractures. En revanche, une étude menée en 2018 auprès de femmes en postménopause a associé une consommation d’au moins 2 portions quotidiennes de lait à une diminution de 23 % du risque de fractures de la hanche, chaque portion supplémentaire de produit laitier correspondant à une réduction du risque de 7 %.
Cette récente étude portant sur la cohorte de la Nurses’ Health Study présente d’autres forces, notamment l’inclusion de trois sites courants de fractures de fragilité (au lieu d’un ou deux) et de femmes en préménopause, car on estime que le risque de fractures augmente vers l’âge de 40 ans.
Références
Yuan M et coll. Types of Dairy Foods and Risk of Fragility Fracture in the Prospective Nurses’ Health Study Cohort. The American Journal of Clinical Nutrition 2023. Doi: 10.1016/j.ajcnut.2023.09.015.