Les produits laitiers et l’asthme

Dans l’ensemble, les données scientifiques suggèrent que les produits laitiers n’augmentent pas le risque d’asthme et qu’ils n’exacerbent pas les symptômes de l’asthme. En fait, des données scientifiques émergentes suggèrent que les produits laitiers à pleine teneur en gras pourraient réduire le risque d’asthme et/ou en améliorer les symptômes.  

Jeune femme faisant son jogging, penchée en avant pour essayer de reprendre son souffle.

Points saillants

  • Les produits laitiers n’augmentent pas le risque d’asthme et n’ont pas d’effets indésirables sur le contrôle de l’asthme;
  • Les produits laitiers à pleine teneur en gras tels que le lait entier, le yogourt à pleine teneur en gras, le fromage à pleine teneur en gras et le beurre pourraient jouer un rôle bénéfique dans le développement et/ou le contrôle de l’asthme;
  • Les composantes des produits laitiers qui pourraient être bénéfiques comprennent les acides gras, le calcium et la vitamine D.

Introduction 

L’asthme est une inflammation chronique de la muqueuse des voies respiratoires des poumons. Plusieurs facteurs peuvent la déclencher et ces facteurs peuvent varier d’une personne à l’autre1. Par exemple, les allergies alimentaires pourraient déclencher l’asthme ou en aggraver les symptômes1. En ce qui concerne les allergies au lait, l’incidence chez les nourrissons est estimée à environ 2 à 3 % et tend à disparaître avant l’âge de 3 ans. Ainsi, on estime que moins de 0,5 % des adultes sont touchés2. Il est important de tenir compte des allergies alimentaires dans les études qui évaluent le rôle de certains aliments dans le développement et le contrôle de l’asthme. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, et cela pourrait contribuer à un effet confondant sur les résultats. 

Les données scientifiques 

Une étude randomisée à double insu, ayant pour objectif de déterminer si les produits laitiers induisent une bronchoconstriction, a été effectuée auprès de 20 adultes asthmatiques3. Les participants ont été assignés pour boire 300 ml de lait de vache ou 300 ml de boisson de riz (placebo). Aucune différence n’a été observée entre les groupes en ce qui concerne les mesures respiratoires standards telles que le volume expiratoire maximal et le débit expiratoire de pointe.

Une autre étude randomisée a examiné les effets du lait sur le courant aérien des bronches, mesuré au moyen d’une spirométrie standard, chez 25 adultes présentant un asthme léger4. Les participants à cette étude croisée à double insu ont été répartis au hasard afin de consommer une solution contenant du lait de vache en poudre ou une solution placebo. Aucune différence importante n’a été notée entre les deux groupes quant à la fonction pulmonaire.  

Une étude de cohorte prospective regroupant 61 909 femmes enceintes a examiné la relation entre la consommation de produits laitiers pendant la grossesse et le développement de l’asthme chez leur progéniture5. Les auteurs ont observé une « association de protection suggestive » entre la consommation maternelle de lait entier et de yogourt à pleine teneur en matières grasses et l’asthme chez les nourrissons, tandis que la consommation maternelle de yogourt à faible teneur en gras était « suggestive » d’une hausse du risque d’asthme chez les enfants.  

Deux études prospectives6,7 ont exploré la consommation alimentaire maternelle pendant la grossesse et/ou la lactation et le développement de l’asthme chez les enfants des participantes :  

  • La consommation de lait, de beurre et de produits laitiers totaux pendant la grossesse et la lactation n’était pas associée à une hausse du risque d’asthme; 
  • La consommation de margarine durant la lactation était associée à une augmentation du risque d’asthme de 96 %; 
  • Il a été démontré qu’un apport plus élevé en gras saturés et en acide palmitique entraînait une association de protection relativement à l’asthme (une réduction du risque de 45 % et 49 %, respectivement); 
  • Des apports plus faibles en acide arachidonique (gras polyinsaturé n-6) pendant la grossesse entraînaient une association de protection relativement au risque d’asthme.  

Une autre étude prospective a examiné les associations entre la consommation maternelle de produits laitiers, de calcium et de vitamine D pendant la grossesse et une respiration sifflante chez les enfants des participantes à l’âge de 16 à 24 mois8. Cette étude, qui regroupait 763 duos mère-enfant, suggère des rôles protecteurs contre la respiration sifflante, un signe courant d’asthme chez les enfants : 

  • Une consommation plus élevée de produits laitiers totaux, de lait, de fromage et de calcium pendant la grossesse était associée à un risque moindre de respiration sifflante chez les enfants; 
  • La consommation de lait à pleine teneur en gras, mais pas de lait à faible teneur en gras, était liée à une réduction du risque de respiration sifflante; 
  • Un apport plus élevé en vitamine D pendant la grossesse était aussi associé à un risque réduit de respiration sifflante pendant l’enfance.  

Une étude regroupant 723 enfants de 8 à 10 ans, dont 246 avaient reçu un diagnostic d’asthme, a révélé qu’une consommation peu fréquente de lait (< 2 fois/semaine) doublait le risque d’asthme chez les filles9. Alors que l’excès de poids à lui seul était associé à une hausse du risque d’asthme de 39 %, la consommation peu fréquente de lait combinée à l’excès de poids était associée à un risque d’asthme 3,6 fois plus élevé chez les filles.

Une étude longitudinale menée auprès de 696 nouveau-nés faisant partie de l’étude SPACE (Study on the Prevention of Allergy in Children in Europe) a examiné la consommation de lait et le développement de l’asthme jusqu’à l’âge de 3 ans10. La consommation de lait n’était pas associée au développement de l’asthme.  

Des données provenant de 2 978 enfants ayant pris part à l’étude de cohorte de naissances PIAMA11 ont révélé que la consommation quotidienne de lait à pleine teneur en gras et de beurre était associée à un risque réduit d’asthme comparativement à une consommation inférieure à une fois par semaine. Il n’y avait aucune association pour le lait à teneur réduite en gras. 

Un article de revue de littérature d’Alwarith et coll.12 publié dans la revue Nutrition Reviews a examiné l’association entre divers facteurs alimentaires et le développement et le contrôle de l’asthme chez les enfants et les adultes. Cependant, une analyse critique a révélé que cet article comportait plusieurs lacunes et limites relativement aux produits laitiers et l’asthme.

Les mécanismes potentiels 

Les composantes des produits laitiers qui pourraient jouer un rôle bénéfique dans l’étiologie et le contrôle de l’asthme incluent les acides gras, le calcium et la vitamine D. 

Des données issues d’une enquête nationale à grande échelle menée aux É.-U. (NHANES III) ont montré que de plus faibles taux de vitamine D sérique étaient associés à un risque accru d’infection des voies respiratoires supérieures. Ces enquêtes ont aussi indiqué que le fardeau des infections des voies respiratoires associé à des taux de vitamine D sérique plus faibles semble encore plus important chez les gens atteints de maladies respiratoires chroniques telles que l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)13

Conclusions 

Les produits laitiers ne sont pas associés à un risque accru d’asthme ou d’effets indésirables sur le contrôle de l’asthme, à moins qu’une personne soit allergique aux protéines laitières et développe par conséquent des symptômes de l’asthme.  

Les données scientifiques émergentes indiquent que la consommation de produits laitiers à pleine teneur en matières grasses pourrait réduire le risque d’asthme. Toutefois, d’autres recherches sont nécessaires afin de fournir des réponses plus définitives, particulièrement en ce qui concerne le rôle de produits laitiers spécifiques. 

Plus d’études sont également requises pour clarifier comment des acides gras particuliers, le calcium et la vitamine D pourraient réduire le risque d’asthme ou en améliorer les symptômes.  

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