Impact d’une consommation réduite de viande et de produits laitiers sur la nutrition et la santé

Une étude commandée par Food Standards Scotland a examiné l’impact d'une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers sur l’état nutritionnel et le risque de maladies. Les conclusions de l’étude révèlent des enjeux importants, et les auteurs proposent des stratégies intéressantes pour limiter les impacts sur la nutrition et la santé de la population écossaise.

young woman drinking milk with a bamboo straw

En 2022, le Climate Change Committee (CCC) (comité sur les changements climatiques) a recommandé au gouvernement de l’Écosse d’encourager une réduction de la consommation de viande de 20 % d’ici 2030 et de 35 % d’ici 2050, de même qu’une réduction de 20 % de la consommation de produits laitiers d’ici 2030. 

Reconnaissant la densité nutritionnelle de nombreux aliments d’origine animale, Food Standards Scotland (FSS) (normes alimentaires de l’Écosse) a demandé à l’Université d’Édimbourg d’examiner si cette réduction de la consommation de viande et de produits laitiers pouvait être réalisée sans compromettre l’apport suffisant en nutriments et les résultats en matière de santé en Écosse. L’étude qui s’en est suivie a été menée auprès de 3 447 adultes (16 ans et plus) de la Scottish Health Survey (enquête de l'Écosse sur la santé) de 2021, pour modéliser les effets des cibles du CCC sur la consommation totale de viande et de produits laitiers, de même que 23 autres scénarios de réduction. 

Apports en nutriments et état nutritionnel au début de l’étude

Les données indiquent qu’au début de l’étude, 99 % et 86 % des participants consommaient quotidiennement des produits laitiers et de la viande, respectivement. Les produits laitiers les plus consommés étaient le lait (67 %), le fromage (14 %) et le yogourt (9 %), et les viandes les plus consommées étaient la volaille (37 %), le porc (34 %) et le bœuf (25 %). Fait important, les auteurs ont également noté la prévalence de carences en micronutriments au début de l’étude. En effet, plus de 40 % de la population, tous groupes d’âge et sexes confondus, avait des apports en sélénium et en zinc inférieurs à l’apport nutritionnel de référence (ANR). En outre, plus de 40 % de la population adulte se situait en dessous de l’ANR pour le calcium et le fer (à l’exception des hommes de 35 ans et plus), ainsi que pour l’iode (à l’exception des hommes de 75 ans et plus).

Résultats après une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers

Apport insuffisant en nutriments

Puisque la viande et les produits laitiers figurent parmi les plus importants contributeurs d’un grand nombre de ces nutriments dont l’apport est souvent insuffisant, il est possible que des réductions de ces groupes alimentaires augmentent le risque de carences en micronutriments.

Après une réduction de 35 % de toutes les viandes et de 20 % de tous les produits laitiers (sans substitut), les pourcentages de la population n’atteignant pas les ANR ont augmenté comme suit : 

  • ↑ 8 points de pourcentage (pp) pour le calcium (de 46 % à 54 %)
  • ↑ 3 pp pour le fer (de 58 % à 61 %)
  • ↑ 10 pp pour l’iode (de 56 % à 66 %)
  • ↑ 3 pp pour le sélénium (de 90 % à 93 %)
  • ↑ 12 pp pour le zinc (de 62 % à 74 %)
  • ↑ 4 pp pour la vitamine B12 (de 8 % à 12 %)

L’étude a également évalué l’impact d’une réduction de la consommation de viande rouge et de viande rouge transformée à ≤ 70 g/jour, l’un des objectifs de développement durable (ODD) existants. Puisque 72 % de la population écossaise atteint déjà cet objectif, seulement 28 % de la population réduirait sa consommation de viande rouge. Lorsque cet ODD et une réduction de 20 % de la consommation de produits laitiers étaient atteints simultanément, les taux d’apports insuffisants diminuaient légèrement, sauf pour l’apport insuffisant en calcium, qui demeurait inchangé. Des modélisations suggéraient que des substitutions stratégiques et prudentes pourraient contribuer à atténuer les effets négatifs de la réduction de la consommation de viande et de produits laitiers. Par exemple, remplacer de 16 à 35 % de la viande rouge et de la viande transformée par des légumineuses séchées, des légumineuses ou des légumes pourrait légèrement augmenter le pourcentage d’adultes atteignant les ODD pour les fruits et légumes, les gras, les glucides et le sodium. 

À la lumière de ces résultats, pour réduire la prévalence d’apports insuffisants, les auteurs ont conclu que « la réduction de 20 % de tous les types de viandes peut être atteinte en réduisant uniquement la consommation des grands consommateurs de viande rouge et de viande rouge transformée » et ont noté « qu’il n’existe actuellement aucune justification du point de vue de la santé de recommander une quelconque réduction de la consommation de produits laitiers », la seule recommandation étant de faire des choix éclairés en ce qui concerne la teneur en gras, en sucre et en sodium des produits laitiers. 

Résultats en matière de santé

De faibles réductions de l’IMC (∼1 %), des nouveaux cas de maladies cardiovasculaires (∼1 %) et des nouveaux cas de diabète de type 2 (∼5 %) ainsi que des décès évités (337) ont été prédits auprès de la population générale lorsque les grands consommateurs diminuaient leur consommation de viande rouge à 70 g/jour (analyse sur une période de 10 ans). Ces résultats sont restés comparables lorsque les consommateurs de produits laitiers ont également réduit leur consommation de produits laitiers, bien que le rapport ne précise pas si l'une ou l'autre de ces différences est statistiquement significative.

Conclusions

Le rapport a révélé qu’il est possible de réduire la consommation de viande de 20 % en ciblant les grands consommateurs de viande rouge et de viande rouge transformée. Une telle réduction a limité les apports insuffisants en nutriments, tout en ayant des effets bénéfiques modestes sur le risque de maladie. Cependant, les auteurs ont souligné l’absence de données sur la santé justifiant une réduction de la consommation de produits laitiers, la seule recommandation étant de faire des choix éclairés. 

Fait important, ces résultats mettent également en lumière la forte prévalence d’apports insuffisants en micronutriments au début de l’étude et la faible qualité générale de l’alimentation au sein de la population écossaise. Les auteurs ont aussi noté qu’étant donné que l’alimentation de la plupart des adultes ne correspond pas à un régime alimentaire équilibré, la viande et les produits laitiers « sont relativement plus importants dans l’alimentation en tant que sources importantes de micronutriments », ce qui a été confirmé par les résultats de l’étude, qui indiquaient généralement une aggravation des apports insuffisants lorsque leur consommation était réduite. 

Les auteurs ont noté que l’étude comportait des limites, notamment la validité de la consommation autodéclarée ainsi que l’impossibilité de généraliser les résultats aux enfants. Par ailleurs, il est important de souligner qu’un changement de comportement des consommateurs basé uniquement sur des conseils pourrait ne pas être efficace pour remédier aux insuffisances alimentaires, en particulier en l’absence d’un soutien adéquat et d’un accès à des options alimentaires plus saines.

 
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