Augmenter la consommation de produits laitiers réduit le risque de fractures sans nuire à la santé cardiovasculaire des adultes âgés

Une étude randomisée de 2 ans regroupant des résidents de 60 établissements de soins de longue durée australiens pour personnes âgées fournit des données robustes qui associent une augmentation de la consommation de produits laitiers à une réduction de 46 % du risque de fractures, sans effets indésirables sur les profils des lipides sanguins1,2

2 people holding a glass of milk each

Les adultes plus âgés vivant en établissement de soins de longue durée présentent un risque accru de fractures, de chutes et de malnutrition, souvent caractérisée par un apport insuffisant en calcium et en protéines, deux nutriments clés pour une santé osseuse optimale. Une étude a évalué si une augmentation de la consommation de produits laitiers serait un moyen efficace de réduire le risque de fractures et de chutes, tout en comblant les carences nutritionnelles (notamment en calcium et en protéines) et ce, sans nuire à la santé cardiovasculaire1.

Conception et méthodologie

Une sous-étude d’une importante étude randomisée en grappes de 2 ans regroupant 60 résidences pour personnes âgées australiennes a été réalisée. Au départ, cette sous-étude comprenait 245 résidents (159 dans le groupe d’intervention et 86 dans le groupe témoin) dont l’âge médian était de 88 ans. Les maladies cardiovasculaires et l’hypertension étaient prévalentes chez les participants : en moyenne, les participants avaient 10 conditions médicales et prenaient 12 médicaments, dont des hypolipidémiants (37 %) et des antihypertenseurs (64 %).

Intervention

L’objectif principal de la sous-analyse était de déterminer l’efficacité et l’innocuité de l’ajout de produits laitiers à l’alimentation des résidents. L’intervention portait sur des produits laitiers nutritifs à pleine teneur en gras : lait (250 ml), yogourt (200 g) et fromage (40 g). Le beurre, la crème et la crème glacée n’étaient pas inclus.

L’efficacité a été évaluée sur la base de l’amélioration de l’apport en calcium et en protéines, et de la réduction du risque de fractures et de chutes. L’innocuité a été évaluée sur la base de l’impact de la hausse de la consommation de produits laitiers sur les marqueurs de la santé cardiovasculaire, en particulier les profils des lipides sanguins.

Les apports alimentaires ont été mesurés à l’aide d’une analyse des restes alimentaires, qui permet de mesurer la consommation avec plus de précision que les méthodes d’autodéclaration, qui sont souvent associées à des biais de rappel. 

Résultats

La consommation quotidienne de produits laitiers est passée de 1,9 portion au début de l’étude à 3,5 portions à 12 mois dans le groupe d’intervention, tandis que celle du groupe témoin est restée relativement stable, avec une hausse marginale de 1,7 à 2,0 portions quotidiennes.

Les lipides sanguins à jeun, mesurés au début de l’étude, puis à 12 mois, comprenaient le ratio cholestérol total (CT)/cholestérol à lipoprotéines de haute densité (C-HDL), l’apolipoprotéine B (apoB), le cholestérol de faible densité (C-LDL) et le cholestérol non HDL. 

Principales conclusions

  1. Aucun impact négatif sur la santé cardiovasculaire : Il n’y a pas eu de changements quant aux profils des lipides sanguins entre le groupe d’intervention et le groupe témoin. 
  2. Effets positifs sur l’apport nutritionnel :
    • Calcium : Dans l’étude originale, l’apport en calcium des deux groupes était de 689 mg/jour au début de l’étude, puis de 1 142 mg/jour dans le groupe d’intervention et de 700 mg/jour dans le groupe témoin après 24 mois2.
    • Protéines : L’intervention a significativement accru la consommation quotidienne de protéines, qui est passée d’une moyenne de 57 ± 13 g au début de l’étude à 70 ± 18 g après 12 mois1. L’étude originale évaluant le risque de fractures a continué d’évaluer l’apport en protéines jusqu’à 24 mois et a révélé que le groupe d’intervention maintenait sa consommation quotidienne accrue de protéines2.
    • Lipides, glucides et énergie : Il n’y a pas eu de changements dans l’apport de matières grasses totales, de gras saturés, d’énergie ou de glucides entre les groupes. Ainsi, une consommation accrue de produits laitiers n’a pas entraîné une consommation excédentaire de calories ou de matières grasses. Fait à noter, la méthodologie de l’étude ne prévoyait pas de contrôler activement l’apport en énergie.
 
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Impacts cliniques

Ces résultats s’appuient sur des résultats antérieurs de la même intervention, qui ont révélé une réduction significative du nombre total de fractures (33 %), de fractures de la hanche (46 %) et de chutes (11 %)2. L’étude actuelle démontre que ces avantages peuvent être obtenus en augmentant la consommation de produits laitiers (lait, yogourt et fromage), sans compromettre la santé cardiovasculaire, même chez une population présentant un risque cardiovasculaire élevé1.

Mécanismes

Les auteurs suggèrent plusieurs mécanismes pour expliquer pourquoi la hausse de la consommation de produits laitiers n’a pas eu d’effets indésirables sur les marqueurs de la santé cardiovasculaire.

Substitution d’aliments : L’intervention a permis de remplacer des aliments riches en gras et pauvres en nutriments, comme les gâteaux et les biscuits, par des options à base de produits laitiers nutritifs. Ce changement a probablement modifié la composition en acides gras de l’alimentation sans augmenter l’apport total en gras.

Matrice laitière : Les produits laitiers contiennent une structure complexe de peptides bioactifs et de minéraux appelée matrice laitière qui aide à équilibrer les effets des gras saturés sur le cholestérol.

Effets probiotiques : Les produits laitiers fermentés, comme de nombreux yogourts et fromages, offrent également l’avantage de contenir des probiotiques. Ces bactéries bénéfiques peuvent modifier le microbiote intestinal, améliorant potentiellement le métabolisme du cholestérol.

Excrétion de matières grasses médiée par le calcium : La recherche montre qu’avec une consommation de plus de 1 100 mg de calcium par jour, le calcium peut se lier aux acides gras dans l’intestin, empêchant leur absorption et augmentant l’excrétion de matières grasses. Ce mécanisme peut favoriser la gestion du niveau de gras corporel global.

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