Comment la consommation de produits laitiers influence-t-elle le risque de fracture?

Sommaire 

Bien que le risque de fracture soit influencé par des facteurs non modifiables tels que l’âge et le sexe, plusieurs facteurs liés au mode de vie jouent également un rôle, notamment l’alimentation, le niveau d’activité physique, le tabagisme et la consommation d’alcool. Par ailleurs, certains troubles médicaux chroniques et l’utilisation à long terme de certains médicaments pourraient accroître le risque de fracture en affaiblissant les os. De nombreuses variables, dont la prédisposition génétique, pourraient également avoir une incidence sur l’efficacité des interventions. 

Le lait contient de nombreux éléments nutritifs essentiels et composés bioactifs qui favorisent la minéralisation osseuse, et il est ainsi traditionnellement associé à des os solides. De façon générale, les données suggèrent qu’une consommation plus élevée de lait et de produits laitiers, y compris de yogourt et de fromage, est associée à un risque réduit de fracture chez les adultes plus âgés. Les protéines laitières sont associées à un risque réduit de fracture. La consommation de produits laitiers peut aider à promouvoir le développement du pic de masse osseuse au cours des premières années de vie. Le pic de masse osseuse est un prédicteur clé d’un risque réduit d’ostéoporose et de fracture plus tard au cours de la vie. 

Les données scientifiques 

Une méta-analyse de 2019 par Matía-Martín et coll. a examiné l’association entre la consommation de produits laitiers et le risque de fractures ostéoporotiques chez des non-Hispaniques de race blanche de l’Amérique du Nord et de l’Europe¹. Lorsqu’on compare les niveaux les plus élevés aux niveaux les moins élevés de consommation de produits laitiers, cette méta-analyse montre ce qui suit : 

• Une consommation de produits laitiers totaux plus élevée était associée à une réduction de 18 % du risque de fractures vertébrales; 
• Une consommation plus élevée de yogourt et de fromage était associée à une réduction de 8 % et de 11 %, respectivement, du risque de fracture, peu importe le site; le lait n’était pas significativement associé à un risque réduit. 

Une méta-analyse de 2018 de Bian et coll. a examiné l’association entre la consommation de produits laitiers et le risque de fracture de la hanche dans 18 études épidémiologiques (10 études de cohorte prospectives et 8 études cas-témoin)². Il s’agissait de la première méta-analyse à évaluer le rôle du yogourt et du fromage, en plus de celui du lait, dans le risque de fracture. Cette méta-analyse a révélé que les produits laitiers étaient associés à un risque réduit de fracture de la hanche : 

• Le yogourt et le fromage étaient associés à une réduction de 25 % et de 32 % du risque de fracture de la hanche, respectivement, dans les études de cohorte;  
• Le lait était associé à une réduction de 29 % du risque de fracture de la hanche dans les études cas-témoin. 

En 2018, Iguacel et coll. ont publié une méta-analyse explorant la densité minérale osseuse et le risque de fracture chez des personnes végétaliennes, végétariennes et omnivores³. Cette méta-analyse, qui incluait des données issues de 20 études, avec un total de 37 134 participants, a révélé ce qui suit : 

• Comparativement aux omnivores, les végétaliens et les végétariens avaient une plus faible densité minérale osseuse, et celle-ci était beaucoup plus faible chez les végétaliens que chez les végétariens;  
• Comparativement aux omnivores, les végétaliens présentaient également un risque accru de fracture, ce qui n’était pas le cas chez les végétariens. 

En plus de reconnaître l’importance du calcium et de la vitamine D pour la santé des os, les auteurs ont précisé que d’autres nutriments clés présents dans les aliments d’origine animale, par exemple les protéines de haute qualité et la vitamine B₁₂, pourraient expliquer ces résultats. 

En 2017, Feskanich et coll. ont publié une étude de cohorte prospective ayant suivi 123 906 adultes plus âgés sur une période allant jusqu'à 32 ans⁴. Dans le cadre de cette étude, deux vastes cohortes des États-Unis ont été examinées : des femmes postménopausées de la Nurses’ Health Study et des hommes âgés de plus de 50 ans de la Health Professionals Follow-up Study. Cette étude a utilisé de multiples évaluations alimentaires (au début de l’étude et tous les 4 ans) pour évaluer la consommation à long terme, palliant ainsi une importante lacune des études de cohorte précédentes, qui avaient principalement évalué la consommation au début de l’étude seulement. Cette étude a révélé qu’une consommation plus élevée de produits laitiers à long terme était associée à un risque réduit de fracture de la hanche.

• Chaque portion quotidienne de produits laitiers, y compris de lait, de fromage et de yogourt, était associée à une réduction de 6 % du risque de fracture de la hanche chez les hommes et les femmes.  
• Les gens qui consommaient plus de produits laitiers, à savoir 2 portions ou plus de lait par jour, présentaient un risque de fracture de la hanche 23 % moins élevé. 

Une autre étude de cohorte prospective publiée par Langsetmo et coll. en 2017 a évalué l’apport en protéines par source alimentaire et son lien avec les fractures chez les hommes plus âgés⁵. Les conclusions issues de cette cohorte, qui incluait 5 875 hommes de la Osteoporotic Fractures in Men (MrOS) Study, ont montré ce qui suit :  

• Les protéines d’origine animale laitières et non laitières étaient associées à une réduction du risque de fracture de la hanche de 20 % et 16 %, respectivement, alors que les protéines végétales n’étaient pas associées au risque de fracture de la hanche; 
• Un apport en protéines plus élevé provenant de sources animales (laitières et non laitières) était associé à une densité minérale osseuse plus élevée à la hanche et à un risque réduit de fracture de la hanche, alors que les protéines végétales n’étaient pas associées à ces résultats.  

Les mécanismes potentiels 

Les mécanismes potentiels sous-jacents à l’association entre la consommation de produits laitiers et le risque de fracture ne sont pas entièrement compris, mais ils sont probablement liés au rôle du lait et des produits laitiers dans la densité minérale osseuse, un facteur de risque clé de l’ostéoporose et des fractures. Dans l’énoncé de position de 2016 de la National Osteoporosis Foundation des États-Unis, les auteurs ont conclu qu’il existe des données convaincantes selon lesquelles les produits laitiers aident à promouvoir le développement du pic de masse osseuse chez les jeunes adultes. Il est très important pour les jeunes d’atteindre leur pic de masse osseuse afin de prévenir l’ostéoporose et les fractures plus tard au cours de la vie⁶. Les produits laitiers fournissent certains nutriments clés qui sont importants pour la santé des os, notamment plus de calcium, de protéines, de potassium, de magnésium, de zinc et de phosphore par calorie, comparativement à tout autre aliment typiquement présent dans l’alimentation des adultes⁷. 

Le calcium et la vitamine D 

Selon l’énoncé de position de la National Osteoporosis Foundation, le calcium et la vitamine D sont importants pour atteindre le pic de masse osseuse au début de l’âge adulte. Le pic de masse osseuse est un prédicteur clé de l’ostéoporose et des fractures plus tard au cours de la vie⁶.  

Les protéines 

La recherche actuelle indique que les protéines jouent un rôle important dans la santé des os. Un apport suffisant en protéines est nécessaire pour une croissance des os optimale et le maintien d’os en santé. Chez les adultes plus âgés, un apport supérieur aux ANR actuels (c.-à-d. supérieur à 0,8 g/kg de poids corporel/jour) combiné à un apport adéquat en calcium contribue à réduire la perte osseuse et le risque de fracture, particulièrement de la hanche⁸.  

Les autres nutriments  

Le calcium, les protéines et la vitamine D sont décrits comme étant très importants pour la santé des os⁹. Le potassium, le magnésium, le zinc et plusieurs vitamines jouent également un rôle dans la santé des os à divers degrés⁹. 

Conclusion 

De façon générale, les données indiquent qu’une consommation plus élevée de produits laitiers, y compris de lait, de yogourt et de fromage, est associée à un risque réduit de fracture chez les adultes plus âgés.  

Des données convaincantes indiquent que la consommation de produits laitiers aide à promouvoir le développement du pic de masse osseuse. Les produits laitiers, le calcium et la vitamine D sont importants pour favoriser l’atteinte du pic de masse osseuse au début de l’âge adulte, un élément critique pour prévenir l’ostéoporose et les fractures plus tard au cours de la vie. Les produits laitiers sont également une importante source de protéines et d’autres nutriments qui contribuent à la santé des os. 

Les données indiquent par ailleurs que les modèles alimentaires basés sur les végétaux (particulièrement ceux qui excluent les aliments d’origine animale) pourraient ne pas appuyer une santé optimale des os.