L’importance de la qualité des protéines alimentaires dans les pays à revenu moyen ou élevé

Une étude de 2024 explore pourquoi il est essentiel de tenir compte de la qualité des protéines pour combler les besoins en protéines, y compris dans les pays à revenu moyen ou élevé. L’analyse des données publiées dans le cadre de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) et d’autres études récentes souligne l’importance de la qualité des protéines dans ces régions, où les protéines alimentaires sont présumées adéquates.

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Lors de l’évaluation de l’apport protéique, l’accent est généralement mis sur la quantité de protéines plutôt que sur leur qualité. Puisque les apports quotidiens moyens en protéines tendent à être plus élevés dans les pays à revenu moyen ou élevé, il est souvent présumé que la qualité des protéines n’est pas importante. Toutefois, une étude de 2024 révèle pourquoi la qualité des protéines ne doit pas être négligée.

Qualité des protéines : survol et définitions importantes

Qu’est-ce que la qualité des protéines et comment est-elle évaluée?

La qualité des protéines est associée à leur teneur en acides aminés indispensables (essentiels), ainsi qu’à la disponibilité et la digestibilité de ces acides aminés.

Une protéine peut être considérée « de haute qualité » ou « complète » si elle contient des quantités appropriées des neuf acides aminés essentiels sous des formes facilement absorbées et utilisées par l’organisme.

Il existe différentes méthodes pour mesurer la qualité des protéines, notamment le récent Digestible Indispensable Amino Acid Score (DIAAS) (score de digestibilité des acides aminés essentiels), qui est largement reconnu comme étant le mode le plus exact d’évaluation de la qualité des protéines.

EN PRATIQUE

Le Digestible Indispensable Amino Acid Score (DIAAS) (score de digestibilité des acides aminés essentiels) évalue la digestion des acides aminés indispensables dans la dernière partie de l’intestin grêle (iléon) afin de refléter la contribution des protéines à la réserve totale d’azote et d’acides aminés de l’organisme.

  • Le plus récent rapport d’experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur l’évaluation de la qualité des protéines recommande que le score DIAAS remplace le Protein Digestibility-Corrected Amino Acid Score (PDCAAS) (score en acides aminés corrigé de la digestibilité des protéines) couramment utilisé.
  • Un score DIAAS supérieur à 1,00 (100 %) signifie que le premier acide aminé limitant dépasse les besoins de l’organisme, auquel cas la FAO considère que la qualité de la protéine est excellente/élevée1.

Quelles sont les recommandations actuelles concernant l’apport en protéines?

Actuellement, l’apport nutritionnel recommandé (ANR) en protéines est fixé à 0,83 g de protéines par kg de poids corporel (PC) par jour. Toutefois, de plus en plus de données suggèrent que les besoins en protéines des adultes, particulièrement des adultes plus âgés, pourraient être légèrement plus élevés, à savoir d’environ 1,1 à 1,2 g par kg de PC/jour. Or, il est important de noter que cet ANR a été calculé sur la base d’un régime alimentaire mixte contenant des quantités élevées de protéines utilisables de haute qualité. Par conséquent, pour une comparaison précise, les apports en protéines alimentaires doivent être mesurés sur la base des protéines utilisables, donc en tenant compte de la qualité des protéines.

EN PRATIQUE

Le besoin moyen estimatif (BME) est l’apport quotidien pouvant combler les besoins de la moitié des sujets en bonne santé appartenant à un groupe donné, défini en fonction de l’étape de la vie et du sexe2.

  • Un tel apport ne comble pas les besoins nutritionnels de l’autre moitié du groupe en question. Il s’agit d’une valeur médiane2.

L’apport nutritionnel recommandé (ANR) est l’apport nutritionnel quotidien moyen permettant de combler les besoins nutritionnels de 97 à 98 % des sujets en bonne santé appartenant à un groupe donné, défini en fonction de l’étape de la vie et du sexe2.

  • L’ANR représente l’objectif de consommation usuelle chez les particuliers2.

L’importance de la qualité des protéines : principaux résultats de l’étude

Cette étude a exploré comment des changements à la qualité des protéines affectaient l’apport en protéines en analysant des données de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) et a compilé des données récentes axées sur des populations particulières3.

L’apport en protéines dans la population adulte générale

En utilisant les données de 44 018 adultes de l’étude NHANES (2001-2018), les chercheurs ont évalué l’impact de changements incrémentiels de la qualité des protéines alimentaires sur le pourcentage de la population se situant en dessous du BME et de l’ANR  pour les protéines. L’étude a modulé les valeurs relatives à la qualité des protéines par incréments de score DIAAS de 0,1 pour des scores DIAAS de protéines alimentaires totales allant de 1,0 (100 %) à 0,6 (60 %).

Les résultats ont mis en lumière des enjeux importants : 

  • Même en présumant que la qualité globale des protéines était élevée/complète (score DIAAS global de 1,0 ou 100 %), 22,4 % des adultes de 19 à 50 ans n’atteignaient pas l’ANR et 11 % n’atteignaient même pas le BME: 
    • Le risque d’avoir des apports en deçà de l’ANR était plus grand chez les femmes (32 %) et augmentait avec l’âge (37 % chez les adultes de 71 ans et plus).  
  • En présumant que la qualité globale des protéines était modérée (score DIAAS de 0,8 ou 80 %), on estimait que 44 % des adultes de 19 à 50 ans n’atteignaient pas l’ANR et que 25 % n’atteignaient pas le BME;
  • Les données ont révélé que la diminution de la qualité des protéines avait des effets importants sur la prévalence d’adultes n’atteignant pas le BME et l’ANR. Par exemple, lorsque le score DIAAS passait de 1,0 à 0,6, le pourcentage d’adultes de 71 ans et plus n’atteignant pas l’ANR passait de 37 % à 88 %

Dans l’ensemble, même aux États-Unis, une part importante de la population adulte ne parvient pas à satisfaire ses besoins en protéines, sans égard à leur qualité. Cette étude souligne l’importance de prendre en compte la qualité des protéines, car une qualité inférieure exacerbe la prévalence d’insuffisance.

L’apport en protéines de certains groupes cibles de la population

Les implications des changements à la qualité des protéines ont été examinées plus en détail afin de cibler les résultats importants d’études s’appliquant à des sous-populations pour qui l’apport en protéines est particulièrement important.

Personnes en perte de poids : 

  • Il a été démontré que des apports en protéines utilisables supérieurs à l’ANR contribuent à prévenir la perte de masse maigre pendant les périodes de perte de poids ou de maintien de la perte de poids; 
  • Lorsque la qualité est plus faible, une augmentation compensatoire de la quantité de protéines était nécessaire pour obtenir une quantité suffisante de protéines utilisables, ce qui entraîne un apport énergétique plus élevé en raison des protéines supplémentaires et une répartition déséquilibrée des macronutriments

Adultes plus âgés :

  • Les changements physiologiques liés au vieillissement pourraient perturber l’équilibre net des protéines, notamment en altérant la synthèse des protéines musculaires, ce qui peut entraîner une perte de masse musculaire;
  • De nombreux experts plaident aujourd’hui en faveur d’un ANR en protéines plus élevé pour les adultes plus âgés et proposent que les recommandations pour les apports en protéines utilisables soient ≤ 1,5 g/kg de PC/jour. Or, le fait d’atteindre cet apport avec des protéines de moindre qualité pourrait perturber l’équilibre des macronutriments;
  • Beaucoup d’études ont révélé un apport en protéines insuffisant chez les adultes plus âgés, surtout si la qualité des protéines est considérée. 

Sports d’endurance et exercices de résistance : 

  • En fonction du type d’exercice, de son intensité et de sa durée, les apports en protéines optimaux varient;
  • Consommer la quantité nécessaire de protéines pour maintenir sa masse maigre peut faire en sorte qu’un pourcentage disproportionnellement élevé de l’apport énergétique total provienne des protéines si la qualité des protéines est faible, produisant une répartition déséquilibrée des macronutriments; 
  • Les athlètes qui font des sports d’endurance et des exercices de résistance dont les besoins en protéines sont plus élevés auront tout intérêt à faire des choix intentionnels et éclairés en matière de protéines afin d’éviter ces déséquilibres en macronutriments. 

Végétalisme et végétarisme :

  • Étant donné la qualité moindre des protéines végétales et le ratio énergie-protéine relativement élevé des aliments d’origine végétale, il est impératif de choisir délibérément des protéines utilisables pour répondre aux besoins quotidiens; 
  • Une étude de l’European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition-Oxford (étude de cohorte EPIC-Oxford) regroupant 30 251 participants a révélé qu’une fois ajustés en fonction de la qualité des protéines alimentaires (score DIAAS), même avec un score DIAAS de 90 %, les apports en protéines utilisables étaient similaires ou inférieurs à l’ANR chez les végétariens et les végétaliens
  • Puisque l’apport moyen en protéines chez les végétariens et les végétaliens n’est que légèrement supérieur à l’ANR, l’ANR risque de ne pas être atteint si l’on ne cherche pas activement à consommer des protéines de qualité;
  • Chez les athlètes, ceux qui suivaient un régime végétarien affichaient une masse maigre inférieure à celle de leurs homologues omnivores, ce qui montre comment des protéines de faible qualité pourraient contribuer à une carence en protéines, même si l’on vise un apport suffisant en protéines utilisables.

Globalement, les auteurs soulignent l’importance de prendre en compte la qualité des protéines, même dans les pays à revenu moyen ou élevé, et démontrent qu’une augmentation de la quantité de protéines n’est pas suffisante pour pallier les conséquences d’une faible qualité protéique. De plus, ils insistent sur l’importance de la qualité des protéines pour atteindre l’apport ciblé en protéines utilisables, tout en maintenant un équilibre optimal en macronutriments. 

 
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