Recommandations nutritionnelles pour les calculs rénaux

Certains facteurs alimentaires peuvent contribuer à réduire le risque de calculs rénaux. Or, puisque les calculs rénaux contiennent souvent du calcium1,2, certaines personnes pourraient se demander s’ils doivent limiter leur consommation de produits laitiers afin de réduire les risques. En fait, la recherche montre que les personnes ayant un apport en calcium alimentaire plus faible présentent un risque accru de développer des calculs rénaux2. Les autorités de santé recommandent un apport adéquat en calcium alimentaire afin de réduire les risques de calculs rénaux3-5.

Deux mains tenant en coupe une image de reins

Les reins remplissent de nombreuses fonctions vitales : ils aident à réguler les liquides du corps, à produire des hormones et à éliminer les déchets de l’organisme. Les calculs rénaux sont de petites pierres dures composées de cristaux de sels minéraux et acides qui se forment dans les reins. Les plus courants (70 à 80 %) sont les calculs d’oxalate de calcium et leur principal mécanisme de formation concerne l’équilibre calcium/oxalate dans l’urine1,2

Les calculs rénaux sont courants et semblent être en hausse depuis quelques années1. Selon la Fondation canadienne du rein, environ 12 % des hommes et 6 % des femmes auront un calcul rénal au cours de leur vie1. D’ailleurs, le fait d’avoir eu un calcul rénal augmente le risque d’en avoir un autre1

Les facteurs de risque associés aux calculs rénaux comprennent les antécédents familiaux, certains troubles médicaux et médicaments, de même que des facteurs alimentaires, comme un apport insuffisant en liquides et en calcium alimentaire1,2. Les symptômes peuvent inclure une forte douleur, des nausées, des vomissements, de la fièvre et du sang dans l’urine1,2. Puisque les calculs rénaux provoquent souvent des douleurs intenses et qu’ils pourraient entraîner une maladie du rein chronique, la prévention est la clé.

Recherche et recommandations sur l’alimentation et les calculs rénaux

Une méta-analyse de 2020 a examiné les données sur les facteurs alimentaires pour la prévention primaire des calculs rénaux6. Cette revue a identifié certains facteurs protecteurs, dont la consommation de liquides et d’eau, une alimentation de type DASH (qui met l’accent sur les produits laitiers, les légumes et les fruits), le calcium et le potassium alimentaires, les légumes, les fruits, les fibres alimentaires, le café, le thé et l’alcool. Les facteurs de risque identifiés dans cette étude comprenaient l’obésité, le sodium alimentaire, le fructose, la viande, les protéines animales et les boissons gazeuses. Une méta-analyse de 2021, qui portait sur l’effet de l’alimentation et de la consommation de liquides sur les calculs rénaux récurrents, a confirmé que l’apport en liquides réduit significativement la récurrence des calculs rénaux7. Cette revue a également révélé qu’une alimentation à teneur normale en calcium et pauvre en sodium réduit considérablement la récurrence des calculs rénaux calciques. Toutefois, les résultats de cette étude suggèrent qu’une alimentation faible en protéines, avec ou sans fibres, n’a pas d’incidence sur la récurrence des calculs rénaux calciques.

La Fondation canadienne du rein et la National Kidney Foundation des États-Unis recommandent différentes stratégies alimentaires générales pour aider à réduire le risque de calculs rénaux1-4. Il s’agit notamment de boire beaucoup de liquides pour éviter la déshydratation et rendre l’urine moins concentrée1,4. Une faible consommation d’eau augmente considérablement le risque de calculs rénaux. C’est pourquoi il est primordial d’avoir une consommation de liquides adéquate5. Il est également recommandé de consommer assez de calcium alimentaire provenant d’aliments comme le lait, le yogourt et le fromage4. En effet, la recherche montre qu’un apport plus élevé en calcium alimentaire est associé à un risque plus faible de calculs rénaux1,5. D’autres habitudes alimentaires saines, comme éviter de consommer trop de sel et de sucre, sont également importantes4.

EN PRATIQUE

Un apport suffisant en liquides et en calcium alimentaire (provenant d’aliments comme les produits laitiers) fait partie des recommandations de stratégies alimentaires fondées sur des données scientifiques pour aider à réduire le risque de calculs rénaux3-5. Les fondations du rein encouragent les gens à1-4

  • Boire beaucoup de liquides (plus de 2 500 ml par jour), particulièrement de l’eau;
  • Consommer assez de calcium provenant d’aliments, comme le lait et les produits laitiers;
  • Opter pour des aliments riches en calcium plutôt que des suppléments pour respecter les recommandations;
  • Limiter la consommation de boissons gazeuses et de boissons aux fruits sucrées avec du sirop de maïs à haute teneur en fructose;
  • Éviter de consommer trop de sel et de sucre.

Il pourrait également être conseillé aux personnes ayant des calculs rénaux de limiter leur consommation d’aliments riches en oxalates et en purines.


Les professionnels de la santé qui traitent des personnes sujettes aux calculs rénaux pourraient également leur conseiller de manger des quantités modérées de protéines et d’éviter de consommer beaucoup d’aliments riches en certains composés3,4. Ces composés comprennent les oxalates (présents dans les aliments d’origine végétale comme les épinards et les fraises) et les purines (présentes dans les viandes rouges, les abats et les fruits de mer)3,4. Il est également recommandé de consulter un professionnel de la santé avant de consommer de l’huile de foie de poisson et des suppléments de vitamines ou de minéraux, car certains suppléments pourraient augmenter les risques de formation de calculs rénaux chez certaines personnes4.

Les aliments riches en oxalates, comme les produits à base de soya, les légumes à feuilles vert foncé comme les épinards, la rhubarbe, les betteraves, le son de blé, les noix, les graines, le chocolat et les fraises, contribuent à augmenter la concentration d’oxalate urinaire4,8. Par ailleurs, on a constaté qu’un faible apport en calcium alimentaire augmente la formation de calculs d’oxalate de calcium4. Lorsqu’il y a une plus grande quantité de calcium alimentaire dans le tube digestif, celui-ci se lie aux oxalates, ce qui réduit leur absorption et donc leur élimination par les reins4. Une consommation élevée de sel devrait également être évitée pour réduire le risque de formation de calculs rénaux. 

Données sur le calcium alimentaire et les produits laitiers

Des données de qualité indiquent que le calcium alimentaire et les produits laitiers n’accroissent pas le risque de calculs rénaux. En fait, ils sont recommandés pour réduire le risque de formation de calculs rénaux3,4. De nombreuses études ont examiné les différents types de liquides et le risque de calculs rénaux. Une méta-analyse de la relation dose-effet réalisée en 2015 a révélé qu’une consommation plus élevée de lait n’était pas associée au risque de formation de calculs rénaux9. De plus, la consommation d’eau était associée à une réduction du risque de calculs rénaux. 

Des analyses prospectives de la Health Professionals Follow-up Study et des Nurses’ Health Study I et II ont examiné l’association entre le calcium alimentaire et le risque de développer des calculs rénaux symptomatiques chez les participants suivis sur une période de 56 ans10. Un plus grand apport en calcium alimentaire, provenant de sources laitières ou non, a été associé à un risque significativement moins élevé de calculs rénaux

La méta-analyse de 2020 ayant exploré les données relatives à un large éventail de facteurs alimentaires a permis d’inclure le calcium alimentaire et une alimentation de type DASH parmi les facteurs associés à un risque réduit de calculs rénaux6. Il est toutefois important de noter que cette revue a également révélé que certaines études suggèrent que, contrairement au calcium alimentaire, les suppléments de calcium (surtout lorsqu’ils sont pris avec de la vitamine D) pourraient être associés à un risque accru de calculs rénaux.

Bien que d’autres études soient nécessaires sur les suppléments de calcium, les fondations du rein du Canada et des États-Unis mettent le publique en garde contre certains suppléments de calcium (contenant souvent de la vitamine D) qui pourraient accroître le risque de calculs rénaux1,4. Elles suggèrent donc de privilégier les sources alimentaires. Ainsi, il serait préférable que les gens consultent leur professionnel de la santé avant de prendre des suppléments.

Comprendre le rôle du calcium alimentaire dans la formation des calculs rénaux 

En résumé, des données de qualité indiquent qu’un apport plus élevé en calcium alimentaire ne cause pas de calculs rénaux. En fait, un apport suffisant en calcium alimentaire, provenant d’aliments comme les produits laitiers, fait partie des principales recommandations de stratégies alimentaires fondées sur des données scientifiques pour aider à réduire le risque de calculs rénaux3,4. L’Association canadienne d’urologie et la National Kidney Foundation des États-Unis recommandent un apport en calcium de 1000 à 1200 mg par jour (ce qui correspond à l’apport nutritionnel recommandé pour les adultes) pour aider à prévenir les calculs rénaux4,5. La consommation de 3 portions quotidiennes de produits laitiers, comme le lait, le yogourt et le fromage, qui sont des sources fiables de calcium, est un bon moyen de respecter ces recommandations quotidiennes concernant le calcium4.

Produits laitiers et calculs rénaux : revue des données scientifiques

Voir les données scientifiques

Des revues systématiques avec méta-analyses et de vastes études de cohorte prospectives ont exploré les associations entre le calcium, les produits laitiers et les calculs rénaux. Les données actuelles indiquent que le calcium alimentaire et les produits laitiers, qui sont une source importante de calcium alimentaire, pourraient réduire le risque de développer des calculs rénaux.

Points saillants

  • Un apport suffisant en calcium alimentaire est recommandé pour prévenir les calculs rénaux.
  • Le lait et les produits laitiers ne sont pas associés à la formation de calculs rénaux et pourraient en fait réduire le risque.

La formation de calculs rénaux, également appelée néphrolithiase, touche environ 12 % des hommes et 6 % des femmes au Canada1 et accroît les risques de maladie rénale chronique. Les calculs rénaux sont de petites pierres dures composées de cristaux de sels minéraux et acides qui sont formés dans les reins.

Les calculs d’oxalate de calcium sont le type le plus courant de calculs rénaux1. Leur principal mécanisme de formation concerne l’équilibre calcium/oxalate dans l’urine. En effet, les aliments riches en oxalates, comme la rhubarbe, les produits à base de soya et les noix, contribuent à augmenter les concentrations d’oxalate urinaire2,3. Certaines études suggèrent par ailleurs que des apports élevés en protéines provenant de la viande, du poisson et de la volaille pourraient également augmenter le risque de calculs rénaux, alors que les protéines végétales pourraient avoir un effet protecteur4. Selon les données disponibles, le fait de boire assez d’eau, de consommer des aliments comme le lait, le yogourt et le fromage pour atteindre les apports recommandés en calcium alimentaire, de manger assez de légumes et de fruits (qui n’ont pas une concentration très élevée d’oxalates) et de limiter la consommation de sel contribue à réduire le risque de calculs rénaux récurrents4.

De nombreuses études ont examiné les liens entre le calcium, les produits laitiers et les calculs rénaux. Sur la base de la somme des données, les recommandations nutritionnelles pour la prévention des calculs rénaux encouragent des apports suffisants en calcium alimentaire provenant d’aliments tels que les produits laitiers3,5. En effet, un apport suffisant en calcium alimentaire fait partie des facteurs associés à une réduction du risque de formation de calculs rénaux, et le lait et les produits laitiers sont une source importante de calcium alimentaire6-9.

Données sur le calcium

Une revue systématique et méta-analyse de 2021 a examiné l’effet du traitement nutritionnel et de l’apport en liquides sur la prévention des calculs rénaux calciques récurrents6. Les résultats de cette méta-analyse de six études randomisées, regroupant un total de 824 participants, sont les suivants :

  • Une alimentation à teneur normale en calcium et faible en sodium réduit considérablement la récurrence des calculs rénaux calciques;
  • Une alimentation faible en protéines, avec ou sans fibres, n’a pas d’incidence sur la récurrence des calculs rénaux calciques;
  • La consommation de liquides réduit la récurrence des calculs rénaux calciques.

Une revue systématique et méta-analyse de 2020 a examiné les facteurs liés à l’alimentation et aux habitudes de vie et leur lien avec la prévention primaire de la néphrolithiase7. Cette étude a révélé que le calcium alimentaire faisait partie de plusieurs facteurs protecteurs associés à un risque réduit de calculs rénaux.

  • Le calcium alimentaire était associé à une réduction de 17 % du risque de calculs rénaux.
  • La supplémentation en calcium, à elle seule, a été associée à une augmentation de 16 % du risque de calculs rénaux dans une méta-analyse d’études d’observation, mais pas dans les études randomisées.
  • La co-supplémentation en calcium et en vitamine D était un prédicteur significatif de calculs rénaux.
  • L’alimentation de type DASH (qui met l’accent sur les produits laitiers, les légumes et les fruits tout en étant plus faible en sodium) a été associée à une réduction de 31 % du risque de calculs rénaux.

Données sur le lait et les produits laitiers

En 2015, une méta-analyse de la relation dose-effet a examiné l’association entre les apports en différents types de liquides et le risque de calculs rénaux8. L’analyse portait sur 10 études de cohorte prospectives et 5 études cas-témoin qui regroupaient au total 351 081 participants. 

  • Une plus grande consommation de lait n’était pas associée au risque de formation de calculs rénaux.
  • Chaque augmentation de 500 ml de la consommation d’eau était associée à une réduction de 7 % du risque de calculs rénaux.

Taylor et Curhan ont mené des analyses prospectives de la Health Professionals Follow-up Study I (n = 30 762 hommes), de la Nurses’ Health Study (n = 94 164 femmes) et de la Nurses’ Health Study II (n = 101 701 femmes)9. Les auteurs ont examiné l’association entre le calcium alimentaire provenant de sources laitières et non laitières et le risque d’incidence de calculs rénaux symptomatiques chez les participans suivis sur une période de 56 ans.

  • Un plus grand apport en calcium alimentaire, provenant de sources laitières ou autres, était associé de façon indépendante à un risque moindre de calculs rénaux.
  • Le quintile le plus élevé (environ 816 à 937 mg/jour) d’apport en calcium laitier était associé à une réduction du risque de calculs rénaux de 17 à 24 %, comparativement au quintile le moins élevé (143 à 181 mg/jour).
  • Le quintile le plus élevé (environ 439 à 460 mg/jour) d’apport en calcium alimentaire non laitier était associé à une réduction du risque de calculs rénaux de 18 à 29 %, comparativement au quintile le moins élevé (256 à 272 mg/jour).

Les mécanismes potentiels

L’hypercalciurie (ou excrétion urinaire excessive de calcium) est l’anomalie du métabolisme la plus commune associée aux calculs rénaux10. Cependant, l’oxalate urinaire constituerait un facteur de risque plus important que le calcium urinaire pour ce qui est du développement des calculs rénaux11.

La diminution de l’apport en calcium alimentaire n’est pas une stratégie recommandée pour prévenir les calculs rénaux calciques4,10. En fait, on a constaté qu’un faible apport en calcium alimentaire augmente la formation de calculs d’oxalate de calcium. Puisque le calcium se lie à l’oxalate dans le tube digestif, l’oxalate a une disponibilité accrue pour absorption intestinale lorsque le calcium alimentaire est limité. Ceci entraîne une plus grande excrétion urinaire de l’oxalate et, par conséquent, une plus grande possibilité de formation de calculs rénaux. À l’inverse, un apport accru en calcium alimentaire inhibe l’absorption intestinale d’oxalate puisque le calcium se lie à l’oxalate alimentaire pour former de l’oxalate de calcium, diminuant ainsi l’excrétion d’oxalate3,10.

Une alimentation faible en calcium ne semble pas réduire efficacement la calciurie. Par ailleurs, le fait de limiter l’apport en calcium issu des produits laitiers pourrait entraîner une augmentation de la consommation d’autres protéines animales (viande, poisson, volaille), lesquelles font augmenter la calciurie et le risque de calculs rénaux4.

La Fondation canadienne du rein note que, bienqu’un apport modérément élevé en calcium provenant de sources alimentaires, comme les produits laitiers, soit associé à un risque réduit de calculs rénaux, certains suppléments de calcium (qui contiennent souvent de la vitamine D) pourraient augmenter le risque de calculs1. Plus d’études sont nécessaires pour élucider complètement le rôle des suppléments de calcium dans la formation de calculs rénaux. Entre-temps, l’Association canadienne d’urologie et la National Kidney Foundation des États-Unis recommandent une approche prudente centrée sur les aliments pour atteindre un apport en calcium de 1 000 à 1 200 mg par jour (ce qui correspond à l’apport nutritionnel recommandé pour les adultes) afin d'aider à réduire le risque de calculs rénaux12,13. Un moyen pratique de respecter cette recommandation pour le calcium consiste à inclure dans son alimentation trois portions quotidiennes de produits laitiers tels que du lait, du yogourt et du fromage13.

Conclusions

Des données de qualité indiquent que le calcium alimentaire et les produits laitiers n’accroissent pas le risque de calculs rénaux. En fait, des apports suffisants en calcium alimentaire provenant d’aliments tels que les produits laitiers sont recommandés pour réduire le risque de formation de calculs rénaux. Des études randomisées portant sur une consommation élevée vs faible de produits laitiers et sur des apports en calcium alimentaire vs la prise de suppléments de calcium doivent être menées afin d’apporter des réponses plus définitives concernant les suppléments de calcium et la formation de calculs rénaux.

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