Les produits laitiers et le cancer colorectal

Selon le troisième rapport d'experts du Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer et de l'American Institute for Cancer Research, des données convaincantes indiquent que la consommation de produits laitiers diminue le risque de cancer colorectal.

Couple âgé dansant dans une pièce blanche

Points saillants

  • Des données probantes indiquent que les produits laitiers ont un effet protecteur contre le cancer colorectal.
  • L'effet des produits laitiers sur la réduction du risque de cancer colorectal pourrait être attribuable, du moins en partie, au calcium.
  • Plusieurs autres composantes des produits laitiers pourraient également être responsables de cet effet protecteur, notamment la vitamine D, les acides linoléiques conjugués (ALC).

Aperçu du cancer colorectal 

Il existe de nombreux facteurs de risque connus du cancer colorectal, entre autres les suivants1 : 

  • Des antécédents familiaux de cancer colorectal; 
  • L’excès de poids ou l’obésité; 
  • Le fait de ne pas faire d’activité physique; 
  • La consommation d’alcool; 
  • Le tabagisme; 
  • La consommation de viande transformée;  
  • Une alimentation pauvre en fibres; 
  • Une maladie inflammatoire de l’intestin. 

En 2024, il est estimé que plus de 25 000 Canadiens seront diagnostiqués avec un cancer colorectal2. Il s'agit de la quatrième forme de cancer le plus fréquemment diagnostiqué au Canada (à l'exclusion des cancers de la peau autres que le mélanome). 

Les données scientifiques 

Selon le troisième rapport d'experts publié en 2018 par le Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer et l’American Institute for Cancer Research, des données probantes indiquent que les produits laitiers (produits laitiers totaux, lait, fromage) sont associés à un plus faible risque de cancer colorectal3.

De plus, une étude prospective menée en 2025, incluant 542 778 femmes au Royaume-Uni suivies pendant 16,6 ans (± 4,8), a analysé le risque de cancer colorectal en lien avec 97 facteurs alimentaires4. Les résultats révèlent que pour chaque 200 g de lait consommé par jour, il y avait une réduction de 14 % du risque de cancer colorectal. Ces résultats ont été appuyés par l'analyse de randomisation mendélienne, qui a lié une consommation de 200 g/jour de lait à une réduction de:

  • 40 % du risque de cancer colorectal et de cancer du côlon ;
  • 51 % du risque de cancer rectal.

Cette découverte est particulièrement importante, car la randomisation mendélienne est utilisée pour établir une relation causale et mesure des effets à plus long terme, tandis que les données d'apport alimentaire reflètent des habitudes alimentaires à court terme.

Des associations inverses bénéfiques ont également été observées avec d'autres produits laitiers, tels que le yogourt, ainsi qu'avec des nutriments couramment présents dans les produits laitiers (par exemple, la riboflavine, le phosphore, le potassium et le magnésium).

Les mécanismes potentiels 

Il existe plusieurs mécanismes potentiels grâce auxquels les produits laitiers pourraient réduire le risque de cancer colorectal, et plusieurs composantes des produits laitiers pourraient jouer un rôle dans ces mécanismes.  

Calcium

Des données relatives à divers mécanismes plausibles indiquent que le calcium pourrait avoir un effet protecteur contre le cancer colorectal1.  

Dans une méta-analyse de la relation dose-effet regroupant des études d'observation prospectives, on a conclu que chaque apport en calcium total de 300 mg/j diminuait le risque de cancer colorectal de 8 % et cette réduction était présente au-delà de 1 000 mg par jour3

De même, les résultats d'une étude d’envergure menée en 2025 révèlent que le calcium était fortement lié à une diminution du risque de cancer colorectal, avec une réduction du risque de 17 % observée pour chaque 300 mg/jour de calcium consommé4. Une analyse additionnelle a démontré que l'apport en calcium était indépendamment associé à une diminution du risque de cancer colorectal, suggérant que le calcium contribue à l'effet protecteur des produits laitiers dans la prévention du cancer colorectal. De plus, bien que les sources de calcium d'origine laitière et non laitière aient toutes deux été associées à un risque réduit, les sources laitières ont montré une réduction plus forte et statistiquement significative du risque de cancer colorectal. Cela souligne l'importance de la matrice laitière pour comprendre le rôle protecteur des produits laitiers. Les effets des suppléments de calcium seuls n'ont pas été évalués dans cette étude.

 
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Plusieurs mécanismes biologiques pourraient expliquer l'effet protecteur du calcium contre le cancer colorectal3-6. En effet, le calcium pourrait : 

  • Freiner la prolifération, promouvoir la différenciation cellulaire terminale et induire l'apoptose des cellules tumorales colorectales; 
  • Lier les acides biliaires secondaires (des acides biliaires formés par l'action des bactéries intestinales sur les acides biliaires synthétisés par le foie) ou les acides gras ionisés en vue d'inhiber leur capacité de modifier les cellules coliques; 
  • Réduire le taux de mutations du gène K-ras associées au côlon;
  • Réduire la perméabilité du côlon et protéger la paroi intestinale des dommages causés par le contenu luminal tel que les acides biliaires.

Vitamine D 

Les données qui indiquent que la vitamine D ou les aliments qui en contiennent ont un effet protecteur contre le cancer colorectal sont limitées, mais généralement constantes3. Il existe des mécanismes plausibles selon lesquels la vitamine D pourrait entraîner des effets anticancéreux en restreignant la croissance des cellules du côlon7. Par ailleurs, les effets de la vitamine D et du calcium sont interreliés, puisque les deux nutriments restreignent la prolifération cellulaire, en plus d'induire la différenciation et l'apoptose des cellules intestinales3. D’autres mécanismes potentiels sont liés à une amélioration de la fonction immunitaire, à une réduction de l’inflammation, à l’inhibition de l’angiogenèse et à la régularisation de l’expression des microARN lorsque l’état nutritionnel en vitamine D est plus élevé3. De plus, les effets liés au calcium sont dépendants des taux de vitamine D.

Acides linoléiques conjugués (ALC) 

Les effets anticancéreux des ALC ont été démontrés sur de nombreux modèles animaux4,8,9. De plus, il a été démontré que les ALC modulent la production d'éicosanoïdes, diminuent la synthèse des prostaglandines, interfèrent avec les voies de signalisation cellulaire, inhibent la synthèse de l'ADN, modifient la fluidité des membranes cellulaires, favorisent l'apoptose et modulent l'angiogenèse8,9

Les données issues d'études menées chez les humains sont limitées; cependant, elles suggèrent que les ALC pourraient contribuer à protéger contre le cancer colorectal. Une étude ayant eu recours aux données de la Swedish Mammography Cohort a révélé une relation inverse entre les produits laitiers à pleine teneur en matières grasses et les ALC et le cancer colorectal10.  

Autres composantes des produits laitiers 

Il a également été suggéré que l'acide butyrique, un autre acide gras laitier, pourrait jouer un rôle bénéfique contre le cancer colorectal. En effet, il a été démontré qu'il inhibe la prolifération et induit la différenciation dans les lignées cellulaires tumorales4,9

Chez des modèles animaux, il a été démontré que la lactoferrine, une protéine laitière, freine la carcinogenèse dans le côlon et dans d'autres organes. De plus, la lactoferrine pourrait inhiber la croissance des polypes adénomateux chez les humains11

Les bactéries lactiques présentes dans les produits laitiers fermentés pourraient également protéger la surface de l’épithélium du côlon. Elles pourraient se fixer à la surface apicale des cellules coliques et freiner l'excrétion de toxines par les bactéries putréfiantes, protégeant ainsi la surface épithéliale9,12

Finalement, les sphingolipides contenus dans le gras laitier sont aussi un puissant inhibiteur de la croissance cellulaire et pourraient induire la différenciation et l'apoptose4,12

Conclusion 

Selon le Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer, l’autorité en matière d’alimentation et de cancer, il existe des données convaincantes selon lesquelles les produits laitiers (produits laitiers totaux, lait, fromage) réduisent le risque de cancer colorectal.  

Plusieurs composantes des produits laitiers pourraient être responsables de cet effet protecteur, notamment le calcium, la vitamine D, la lactoferrine et l’acide butyrique. Les nombreux effets protecteurs des produits laitiers sur le risque de cancer colorectal témoignent de l’importance de la matrice laitière. D’autres recherches sont nécessaires afin de pleinement élucider tous les mécanismes potentiels grâce auxquels les produits laitiers pourraient avoir un effet protecteur contre le cancer colorectal. 

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