Dissiper les mythes entourant l’ostéoporose et le risque de fracture parmi la population asiatique

Il existe depuis longtemps une croyance selon laquelle les personnes d’origine asiatique présenteraient un risque réduit d’ostéoporose et de fractures, malgré une faible consommation de produits laitiers. Cependant, de plus en plus de données suggèrent que les taux d’incidence plus faibles enregistrés dans les pays asiatiques pourraient être attribuables en partie à des taux de détection plus bas. À la lumière du vieillissement de la population et des progrès réalisés en matière de mesures diagnostiques, la santé osseuse des populations asiatiques suscite de plus en plus de préoccupations.

Signe néon d'un os cassé

Des études antérieures sur l’ostéoporose et les fractures parmi la population asiatique ont indiqué une faible prévalence de ces troubles de santé, ce qui a amené beaucoup de gens à croire que le risque de ces populations est faible1. Il a aussi été suggéré que les faibles taux de fracture observés pourraient être dus aux différences sur le plan de la longueur et de la densité des os1,2. Cependant, selon l’International Osteoporosis Foundation, la croyance selon laquelle l’ostéoporose est plus répandue dans les pays occidentaux et plus rare en Asie est un mythe, et l’ostéoporose et les fractures associées sont une préoccupation majeure au sein des populations asiatiques3,4.

EN PRATIQUE

  • On estime que d’ici 2050, le nombre de fractures de la hanche en Asie devrait plus que doubler et atteindre plus de 2,5 millions de fractures par année;
  • L’ostéoporose et les fractures parmi les populations asiatiques pourraient ne pas être adéquatement détectées en raison d’obstacles au dépistage et au diagnostic;
  • Le calcium et la vitamine D, deux composantes importantes de la santé des os, se sont révélés présents en très faible quantité dans l’alimentation de nombreuses populations asiatiques;
  • L’augmentation des revenus et de l’accès pourrait faciliter l’inclusion de plus de produits laitiers dans l’alimentation.

La population vieillit

Comme dans de nombreuses autres régions du monde, le vieillissement de la population progresse rapidement en Asie, et l’incidence de fractures dans ces pays devrait par conséquent connaître une hausse rapide5. Selon l’Asian Federation of Osteoporosis Societies, il est estimé que d’ici 2050, le nombre de fractures de la hanche dans les pays asiatiques devrait plus que doubler et atteindre plus de 2,5 millions de fractures par année1,5.

Les méthodes diagnostiques utilisées pour l’ostéoporose et les fractures progressent

Dans son audit régional de l’Asie-Pacifique de 2013, l’International Osteoporosis Foundation a souligné que l’ostéoporose et les fractures ont été gravement sous-estimées dans beaucoup de pays asiatiques, ce qui a mené à des taux de diagnostic plus faibles1. La détection d’une mauvaise santé des os a été rendue plus difficile par le manque d’outils de diagnostic et de critères adaptés qui tiennent compte des différences liées aux origines ethniques1,6. Cependant, en 2019, une initiative visant à standardiser le dépistage et le diagnostic de l’ostéoporose dans l’ensemble de la région Asie-Pacifique a été mise sur pied6. Par conséquent, l’amélioration des pratiques cliniques et les progrès technologiques sont susceptibles d’accroître la détection de l’ostéoporose et des fractures dues à la fragilité6.

L’apport en calcium et en vitamine D tend à être plus faible dans les populations asiatiques

Les rôles du calcium et de la vitamine D dans le développement et le maintien de la santé des os sont bien établis7,8. Toutefois, il a été démontré que l’apport alimentaire en ces deux nutriments est faible au sein de nombreuses populations asiatiques3,9. Une revue systématique de 2017 évaluant les différences mondiales en matière d’apports en calcium alimentaire a révélé que les pays d’Asie du Sud, de l’Est et du Sud-Est présentent les apports en calcium alimentaire les plus faibles, atteignant moins de 400 à 500 mg de calcium par jour, soit moins de la moitié de l’apport recommandé9. Ce faible apport en calcium a été associé au faible contenu en produits laitiers de nombreux régimes alimentaires asiatiques traditionnels, dont plusieurs contiennent une quantité limitée d’autres sources de calcium3. La hausse des revenus et l’amélioration de l’accès pourraient entraîner des changements aux habitudes de consommation de produits laitiers10. Par exemple, la consommation de lait par habitant a doublé en Chine entre 2007 et 2018, mais ces quantités demeurent insuffisantes pour satisfaire les besoins en calcium10.

Il a également été démontré que beaucoup de pays asiatiques présentent une prévalence élevée de faible état nutritionnel en vitamine D3,11. Dans son audit régional de l’Asie-Pacifique de 2013, l’International Osteoporosis Foundation a souligné que le taux de vitamine D moyen dans les pays asiatiques se situe entre 25 et 49 nmol/l, ce qui est inférieur aux 75 nmol/l recommandés3. Des données indiquent que ces faibles taux de vitamine D pourraient être dus à un faible apport alimentaire en vitamine D, à l’absence d’enrichissement en vitamine D des aliments de même qu’à l’urbanisation et à la réduction de l’exposition au soleil3.

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