L’adoption d’habitudes alimentaires saines et équilibrées pendant l’enfance est essentielle afin d’établir une base solide qui favorisera le bien-être nutritionnel jusqu’à l’âge adulte.
L’évolution des politiques et des lignes directrices en matière de nutrition mettant l’accent sur les aliments d’origine végétale a amené des chercheurs à examiner leurs potentielles répercussions nutritionnelles. Or, une analyse récente de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2015 a révélé qu’un apport plus élevé en protéines végétales était associé à des apports plus faibles en protéines, vitamine D, vitamine B12, calcium et zinc chez les adultes, avec des effets plus marqués chez les adultes plus âgés1.
Pour en savoir plus sur l’adhésion au Guide alimentaire canadien de 2019 et le risque d’apport insuffisant en nutriments chez les adultes plus âgés.
Cliquez iciÀ la lumière de ces résultats, une étude de 2025 a évalué la relation entre différentes sources de protéines alimentaires et l’apport en nutriments chez des enfants canadiens de 9 à 18 ans2.
Les auteurs ont analysé les données de rappels alimentaires de 24 heures issues de l’ESCC de 2015 pour 2 324 enfants et adolescents âgés de 9 à 18 ans. Les participants ont été répartis en quatre catégories en fonction de leur apport en protéines végétales : groupe 1 (0 à 24,9 % de protéines végétales), groupe 2 (25 à 49,9 %), groupe 3 (50 à 74,9 %) et groupe 4 (75 à 100 %). Ainsi, les participants du groupe 1 tiraient la plus grande part de leurs protéines de sources animales, tandis que ceux du groupe 4 consommaient principalement des protéines végétales. Les apports en nutriments ont été comparés aux apports nutritionnels recommandés (ANR) ou aux apports suffisants (AS) propres à l’âge pour différents nutriments, et la qualité des protéines a été évaluée à l’aide du score en acides aminés corrigé de la digestibilité des protéines (PDCAAS).
Pour en savoir plus sur l’importance de la qualité des protéines alimentaires dans les pays à revenu moyen ou élevé.
Cliquez iciLe nombre de participants dans chaque groupe allait comme suit : 691 participants dans le groupe 1 (29,7 %), 1 246 dans le groupe 2 (53,6 %), 324 dans le groupe 3 (13,9 %) et 63 dans le groupe 4 (2,7 %). Le groupe 2 (25 à 49,9 % de protéines végétales) a été choisi comme groupe de référence, car il représentait le plus grand groupe. Les auteurs notent qu’en raison de la petite taille de l’échantillon et de la variabilité dans le groupe 4, il était plus difficile de tirer des conclusions définitives pour ce groupe.
Globalement, chez les enfants canadiens de 9 à 18 ans, 64 % des protéines quotidiennes provenaient de sources animales et 36 %, de sources végétales, en moyenne. Dans toutes les catégories de sexe et d’âge, une consommation plus élevée de protéines végétales était liée à un apport plus faible en protéines totales, acides gras saturés totaux, vitamine D, vitamine B12, calcium, phosphore et zinc.
Pour en savoir plus sur la contribution des aliments de source animale à l’amélioration de la nutrition et des résultats en matière de santé.
Cliquez iciDe plus, les auteurs ont regroupé les résultats par sexe afin de mettre en lumière les différences quant à l’apport en nutriments selon la consommation de protéines végétales.
Filles :
- Peu importe la catégorie d’âge, le groupe pour lequel la consommation de protéines végétales était la plus faible (groupe 1 : 0 à 24,9 %) avait des apports plus élevés en vitamine B12, vitamine B6, potassium, phosphore et zinc par rapport au groupe 2, le groupe de référence.
- Chez les filles de 14 à 18 ans, les apports en nutriments du groupe 4 étaient inférieurs à ceux du groupe 2 en ce qui a trait aux gras totaux, aux acides gras saturés totaux, à la vitamine D, à la vitamine B12, à la riboflavine, à la niacine et au phosphore.
- Dans le groupe 4 (proportion la plus élevée de protéines végétales), les apports moyens en vitamine B12 chez les participantes étaient 41 % inférieurs aux ANR pour les 9 à 13 ans, et 50 % inférieurs pour les 14 à 18 ans.
Garçons :
- Peu importe la catégorie d’âge, ceux dont la consommation de protéines végétales était la plus faible (groupe 1) avaient des apports plus élevés que ceux du groupe 2 en protéines totales, vitamine B12, vitamine B6, niacine, riboflavine, potassium, phosphore et zinc.
- Les apports du groupe 4 chez les garçons de 14 à 18 ans étaient plus faibles en protéines totales, gras totaux, acides gras saturés totaux, vitamine D, vitamine B12, vitamine B6, calcium, niacine, phosphore et zinc que ceux du groupe 2.
- Les apports moyens en vitamine B12 chez les garçons du groupe 4 étaient 24 % inférieurs aux ANR pour les 9 à 13 ans et 40 % inférieurs pour les 14 à 18 ans.
Les auteurs notent que ces résultats concordent avec ceux d’études antérieures, indiquant que les enfants canadiens sont à risque d’apports insuffisants en calcium, potassium, vitamine D et fibres, tout en ayant un apport trop élevé en sodium. Plus spécifiquement, dans les groupes 1 à 3, les apports moyens en folate et en vitamine D étaient inférieurs à 66 % de l’ANR, tandis que celui en calcium était inférieur à 88 % de l’ANR, soulignant l’importance d’équilibrer les protéines animales et végétales de manière appropriée pour éviter une exacerbation.
Même si les produits laitiers figuraient de façon constante parmi les trois premières sources de protéines dans l’alimentation des enfants des quatre groupes, l’apport en calcium restait néanmoins inférieur aux niveaux recommandés dans tous les groupes. Les auteurs soulignent la nécessité de renforcer le rôle des produits laitiers dans l’alimentation des enfants, comme c’était le cas dans les précédentes lignes directrices en matière d’alimentation. La baisse récente de la consommation de lait pourrait contribuer à ces carences en nutriments. Cependant, bien qu’elles soient souvent perçues comme des substituts, la plupart des boissons végétales (à l’exception de la boisson de soya) offrent une qualité et une quantité de protéines inférieures à celles des produits laitiers. En plus d’avoir une densité nutritionnelle élevée, les produits laitiers ont été associés à des résultats favorables en matière de santé. Par exemple, les auteurs soulignent que les enfants qui consomment du lait entier ont un risque 16 % plus faible d’excès de poids et 18 % plus faible d’obésité par rapport à ceux qui consomment du lait à teneur réduite en gras3.
Aimeriez-vous savoir comment la consommation de produits laitiers pourrait aider les enfants et les adolescents à atteindre un poids et une composition corporelle santé?
Cliquez iciLes apports totaux en protéines diminuaient avec la hausse de la contribution des protéines végétales, et ces résultats étaient exacerbés par les ajustements relatifs à la qualité des protéines exacerbaient ces résultats. L’apport en protéines était deux fois plus faible dans le groupe 4 par rapport au groupe 1 et les participants du groupe 4 ne satisfaisaient pas leurs besoins en protéines après l’ajustement relatif à la qualité des protéines. Parmi les enfants du groupe 3, les produits laitiers constituaient la principale source de protéines, tandis que dans le groupe 4, les principaux contributeurs étaient le pain et les craquelins.
Les auteurs notent qu’un ratio de protéines animales et de protéines végétales de 3:1 était associé à un équilibre optimal en macronutriments, tout en répondant à la plupart des besoins en nutriments essentiels.
Dans l’ensemble, l’étude souligne que la transition recommandée vers les protéines végétales, par exemple la recommandation mise de l’avant dans le Guide alimentaire canadien de 2019, doit être envisagée avec prudence, car certains micronutriments sont moins biodisponibles dans les sources végétales, ce qui présente des risques d’apport insuffisant en nutriments chez les enfants. Ces résultats soulignent l’importance des stratégies d’enrichissement des aliments et de supplémentation pour éviter d’exacerber les problèmes existants d’apport insuffisant en nutriments chez les enfants.
Enfin, les auteurs soulignent qu’en raison du risque d’apport insuffisant en nutriments associé à un apport en protéines principalement d’origine végétale chez les enfants canadiens, une attention particulière doit être accordée à la diversité alimentaire, à la densité nutritionnelle et aux compromis potentiels en matière de nutriments.
Références
- Fabek H et coll. An examination of contributions of animal- and plant-based dietary patterns on the nutrient quality of diets of adult Canadians. Appl Physiol Nutr Metab 2021;46:877-886.
- Fabek H et coll. Association between dietary protein sources and nutrient intake in the diet of Canadian children. Nutrients 2025; 17(11):1834.
- Vanderhout SM et coll. Cow’s milk fat and child adiposity: A prospective cohort study. Int J Obes 2021;45:2623-2628.